dimanche 26 septembre 2010

This is the end



Z’étaient chouettes les filles du bord de mer.. . zouin … zouin… zouin…

Le duo est au point.  Paul lance la première strophe et Johnny suit. C’est leur manière de faire.  Ils ne se parlent pas.  Le matin, ils arrivent au hangar où sont stockés les panneaux d’interdiction de stationner.  On leur donne la liste où les déposer et ils partent pour leur tournée.  Ils ne se parlent pas.  Dès le premier arrêt, Paul fredonne le début d’une chanson et Johnny le rejoint.  Cela dure depuis deux ans. Quand on les voit, on peut penser qu’ils sont amis.

C’était il y a deux ans.  Paul et Johnny ne travaillaient pas ensemble. En tout cas, pas aux mêmes heures.  Ils se croisaient, se saluaient, parlaient des matches du week-end. C’était tout.  Et puis, il y avait eu le pot de fin d’année.  Tradition du service.  Martine avait tout de suite plu à Johnny.  Paul, trop occupé à boire, n’avait rien remarqué. Martine et Johnny se voyaient tous les jours.  C’est Chantal, la téléphoniste, qui avait dit à Paul de faire attention.  Il n’avait pas compris.  Elle lui avait alors conseillé de retourner chez lui.  Il avait ouvert la porte et les avait entendus rire.  Il était reparti. Il savait où Johnny habitait.  Il avait forcé la porte.  Il avait saccagé l’appartement, avec soin, ne laissant rien entier.  Puis, il était retourné travailler.

Le lendemain, il était resté chez lui. Je suis en congé avait-il répondu à Martine qui s’inquiétait qu’il ne parte pas.  Elle était sortie.  Lui avait dormi jusqu’à tard dans l’après-midi.  Il était allé à l’entrepôt.  Il avait demandé à travailler avec Johnny.  Cela prendrait quelques jours, mais c’était possible.  Il était resté ces quelques jours chez lui. Le premier jour de leur tournée ensemble, Paul n’avait pas dit un mot à Johnny.  Au moment de se quitter, Paul avait donné à Johnny quelques touches du clavier de l’ordinateur qu’il avait fracassé chez lui.  On pouvait en faire ce qu’on voulait, M O R T était une possibilité.

Le matin du second jour, Paul avait mis les choses au point.  On va jouer.  Si tu perds t’es mort.  Les règles étaient simples. Paul lancerait la première strophe d’une chanson et Johnny suivrait.  Ce serait la manière de faire.  Cela dure depuis deux ans.  Deux ans, c’est le temps que Paul s’était donné pour pardonner, oublier ou s’en foutre.  Mais non.  Rien n’y fait. 

Alors, ce matin, après ‘Les filles du bord de mer’ Paul commence This is the end… Johnny  lève la tête… muet… il  semble chercher la suite en regardant ses chaussures.  Le coup de masse lui  fracasse l’arrière de la tête et le jette à terre.  Paul s’approche et lui murmure : This is the end beautiful friend the end This is the end My only friend the end Of our Elaborate plans the end Of everything that stands the end No safety or surprise the end...


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