jeudi 22 décembre 2011

Prise d'otages


Hier soir, j'ai beaucoup ri en regardant l'émission sur l'Apocalypse du 21 décembre 2012.  J'ai ri en regardant et en écoutant des illuminés annoncer avec le plus grand sérieux qui est généralement le propre des doux dingues que dans un an nous allions tous y passer. Enfin, tous... pas eux... car ils se préparaient et, pour qui le voulaient et en avaient les moyens financiers, il était possible de vivre et de survivre à ce grand moment de la fin de l'histoire humaine. Il valait mieux en rire, parce que certains aspects de cette clique de gourous en tout genre sont symptomatiques de notre joli présent. Dans une des séquences, on voit des futurs élus communiquer avec le grand tout, avec la Terre ou que sais-je encore, enfin on ferme les yeux, on écoute ce que le Maître ou la Maîtresse dit et on se reconnecte avec son énergie, l'idée étant que l'on peut changer le cours des choses, pourtant irrémédiables... allez comprendre. Aaah la communication avec l'invisible... quoi de plus mieux?

"(...) j'appartiens à une génération qui n'en est pas une. Qui n'a pas eu le sens du collectif, et dont les membres se sont reconnus à ce même signe invisible et mystérieux et pourtant patent : l'impuissance à avoir un "nous". Chez certains, très peu en vérité, cela a mené à un refus assumé et à l'acceptation d'être un "moi" séparé des autres; chez d'autres, la plupart, sans doute, cela s'est accompagné d'un remords et d'un malaise, composé par un culte flou de l'humanité en général, et d'une croyance en la "communication", devenue, de fait, la religion de ceux qui n'en ont pas."  (Michka Assayas - Faute d'identité)  Aaaah la communication comme moyen de se rassurer...  

Je ne vais pas discutailler sur la manière dont la Bande des Six a décidé de passer outre les plus élémentaires voies de concertation, sur la réforme des pensions, pour sectionner une des mailles du filet qui empêche une bonne partie de la population de s'enfoncer encore un peu plus dans la malvie. Ils ont choisi cette manière là. Nous voilà entrer dans l'ère de la Tweetpolitique. Cela en dit long sur la qualité de ces gens. C'est pour rassurer les marchés...? Aaaah la communication comme moyen de se rassurer... 

Mais le pire, je crois, c'est la communication des médias; oui oui ou non non, les médias n'informent plus, ils communiquent eux aussi, ils communiquent la parole des dirigeants politiques ou économiques (leurs patrons de fait), les paroles du Maître ou de la Maîtresse, sans beaucoup de retenue. Cela nous a déjà valu quelques jolis moments. Je me souviens avec émotion de Véronique Lamquin et de son "Et oui, osons le dire, cette équipe a belle allure. Certes, elle a un air de déjà-vu... Et alors? Le temps presse : l'expérience sera une précieuse conseillère durant cette législature amputée. Du reste, celles et ceux qui rempilent ont, pour la plupart, largement démontré qu'ils avaient la carrure ministérielle". Ou de Béatrice Delvaux et son poignant "C’est ce qu’on appelle l’adaptation du modèle social, qui va de pair avec un recul social. Ces mesures nous étaient annoncées comme inévitables depuis belle lurette. La perte de notre compétitivité, le déplacement des pôles de croissance hors d’Europe, le vieillissement de nos populations, confrontés à l’état de nos finances publiques, imposaient des réformes. Elles vont nous faire mal, exiger de nous des modifications dans nos modes de vie." Il y en a d'autres. Pas que des femmes. Pas que des francophones. Ainsi, De Morgen et Steven Samyn d'exiger un service minimum... oui oui un journal socialiste et pas celui de la FEB.  La machine est désormais bien huilée... On nous met face à l'irrémédiable, face au c'est comme ça, au il n'y a pas moyen de faire autrement... et on nous promet que si on fait comme ça, tout ira mieux... alors reconnectons-nous avec les Marchés, écoutons ce qu'ils ont à nous dire. Aaah la communication avec l'invisible...

Dans Libération d'aujourd'hui, on trouve la manière dont les cadors de l'UMP parlent de la grève.  Vous savez quoi? La grève c'est une prise d'otages. Et donc, les grévistes, si je comprends bien, des preneurs d'otage. Des criminels quoi... et les criminels, vous savez bien ce qu'on en fait. Jusque là, les journalistes n'assumaient pas directement, ce sont les 'victimes' de la grève qui disaient 'On nous prend en otage'. Là, ça y est, pour Vincent Slits, "Ce qui n’est pas acceptable, par contre, et d’aucune façon, c’est l’anticipation d’un tel mouvement de grève de 24 ou 36 heures comme cela a été le cas en Wallonie et à Bruxelles, ces mardi et mercredi, à la SNCB, dont une partie du personnel a pris en otage des milliers de navetteurs." Preneurs d'otage... ça flirte avec terroriste ça, non? Non, allez j'exagère, je m'égare. Vous savez quoi, il y a un jeu vidéo - Armored Core - où on peut éliminer des grévistes, même que ça rapporte 13.000 points... 

Allez en paix, en vérité je vous le dis, la fin du monde, c'est pas pour le 21 décembre 2012... on y est. Alors, d'ici là, ouvrez les yeux et déconnectez-vous.

mercredi 14 décembre 2011

...



C’est un de ces moments où l’on a envie de dire Vos gueules !! Mais fermez-la bon sang !! … oui, cela vaut pour moi aussi, je sais… Y’a qui donne une leçon de comment réfléchir et qui traite l’autre de. Y’a qui constate simplement et traite les autres de. On se dispute sur des cadavres. Et ça fait un peu charognard… oui, je sais, cela vaut pour moi aussi.

Alors oui, Vos gueules !!! toi et puis toi et puis encore toi… oui, je sais cela vaut pour moi aussi… alors Ma gueule !!!


samedi 10 décembre 2011

De l'âne au coq




C'est le genre de journée qui me plaisent. Le genre de journée où l'on passe d'un endroit à un autre, tout aussi surprenant l'un que l'autre. Ou l'on croise des gens, aussi passionnants les uns que les autres.

Bon,  ça avait mal commencé, le plombier qui devait venir à 8h, n'est pas venu, résultat, lever aux aurores pour rien, jour de congé pris pour rien... Enfin, il faisait beau et j'avais du temps pour ne rien faire ou presque.

J'avais à faire quand même. Des photos. Le rendez-vous était à 14h30, dans la boutique de Naïma Hahati. Elle est styliste. Elle crée des robes, des caftans, des tailleurs, etc.  J'y ai passé une bonne demi-heure, me faufilant entre les rayons, m'excusant auprès des dames qui y étaient, remerciant pour les mannequins qu'on changeait de place et qu'on rhabillait rien que pour moi.

Puis, je me suis baladé dans le quartier de mon enfance. Rue des Quatre-Vents. Rue du Cinéma. Rue du Niveau. Rue Fin. Rue Ransfort.


Le temps passe. Il est bientôt 18h. J'arrive dans les locaux du Collectif Formation Société (CFS), pour une rencontre sur les pratiques d'écriture collective organisée par Kalame (le réseau des animateurs d'ateliers d'écriture) et la revue Indications.  Il y avait Pascale Fonteneau. Il y avait Franck Pavloff. Il y avait Gérard de Selys. Il y avait Milady Renoir. Il y avait Noémie Tiberghien. Il y avait Pitcho. Il y avait du monde. Tout ce monde écoutait et questionnait ces pratiques et ces expériences. En prison. En centre culturel. Avec des jeunes en insertion. Avec des résidents de home. Tout cela et plus encore a donné vie à un n° de Parenthèses que je vous conseille.



C'était passionnant, vraiment passionnant. Oui, mais voilà, j'avais promis à un ami de passer à la présentation de quelques-uns de ses dessins. Le temps de prendre quelques photos vite fait et je saluais celles que je connaissais et m'en allais avant la fin, et surtout avant le verre de l'amitié...


Destination rue des Grands-Carmes, chez Lady Paname. C'est là qu'Alain proposait des dessins érotiques. Alors, en effet, quel autre endroit choisir que Lady Paname, où ses dessins pouvaient prendre place près des huiles de massage, des statuettes inspirées du Kamasutra, des godes et de la lingerie olé-olé.

J'arrive. Un coup d'oeil rapide. Alain discute avec la patronne. J'entre en pensant que j'arrive trop tard, qu'il n'y a plus personne. J'entre. Je trébuche. Alain se retourne et dit que ah, mais voilà quelqu'un. Je comprends que je suis la seule personne à être venue. Je suis encore plus gêné que si j'étais arrivé le dernier; ce que j'étais aussi un peu. J'ai eu droit à une visite personnalisée. Il y avait des seins. Il y avait des fesses. Des hommes. Des femmes. Ils se caressent. Ils font l'amour. Ils rêvent. Autour les mannequins regardent tout cela mi-intéressés mi-blasés. Les volets sont baissés. Alain me dit qu'il va remballer. Que cette soirée, un peu ratée..., la patronne du lieu a hâte d'y mettre fin. Je le salue. La dame me dit de repasser à l'occasion...

Assis dans le tram qui me ramène chez moi, je repense à cette journée qui m'a fait passer d'une jeune styliste voilée à une quinqua-sexta qui vend des sex-toys et je me dis que décidément la vie est surprenante.

dimanche 4 décembre 2011

Savoir-vivre


Il nous fallait attendre une bonne heure pour que le travail soit fait. J'avais déposé mes montres pour qu'elles reçoivent un nouveau bracelet ou une nouvelle pile. Alors, on s'est baladé autour du Parvis Saint-Pierre, à Uccle. Il était 13 heures, et on s'est dit qu'il était temps d'aller manger. Dans la rue Xavier De Bue, il y a une sympathique boulangerie qui propose aussi de la petite restauration. Nous y sommes entrés. Nous nous sommes installés. Rapide coup d'oeil sur la carte, ce sera deux spaghetti bolognèse et un américain frites.  On papote quelques minutes, et les plats arrivent, copieux et appétissants, et bons.  Nous mangeons et papotons encore. Mon attention est attirée par une grand-mère qui parle à sa petite fille, apparemment, elles parlent de nous, elle lui dit que les spaghetti, ça se mange avec une cuillère, j'écoute, je souris et je reviens à mon plat.  Nous terminons. Nous papotons encore.  La mamy et la gamine se lèvent et se préparent à partir. J'interpelle la vieille dame avec le sourire. Vous savez, les Italiens mangent les pâtes sans la cuillère, elle ne sert qu'à les mélanger au début. Et en Italie, on dit que ceux qui mangent les pâtes avec une cuillère sont des touristes ou des paysans... J'imagine que vous n'êtes pas touriste... Ma fille a piqué un fard. Mon fils a souri. La mamy a écarquillé ce qu'elle pouvait. La petite fille l'a regardée inquiète. Et finalement, moi, je n'étais pas fier.


samedi 3 décembre 2011

Et mon index, je te le mets où?


Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas allé manifester ma désapprobation de quelque chose dans la rue, à force et avec l'âge, je rouscaillais dans mon coin ou je m'en fichais tout simplement. Là, avec cette farce de la crise financière qu'on fait payer à ceux qui l'ont déjà payée plus d'une fois, je me suis dit que ce serait bien d'aller gueuler un coup. J'y suis allé en famille, histoire de montrer c'est quoi une manifestation.

10h30 pétantes, nous débouchons Place Rogier.  Les policiers, nombreux, ne se montrent pas. Bon, tout le monde sait où ils sont, mais ça doit faire partie d'une procédure quelconque liée à Surtout ne pas provoquer.  Nous rejoignons vite le Boulevard Jacqmain. Il y a beaucoup de monde. L'habitude, toujours bien présente, me fait penser qu'on dépassera les 30.000 manifestants (prudemment) prévus par les syndicats.

Nous empruntons les pas des 'camarades'. Les pétards pètent. Mon fils n'est pas à son aise, on est loin de la cour de récréation, mais ça reste bon enfant, bruyant et stupidement 'provocateur' (quel est l'intérêt de balancer un gros pétard dans les pieds de quelqu'un si ce n'est pour chercher stupidement la bagarre?), mais bon, on se dit qu'il y a un besoin de décompresser sans doute. J'essaie de le rassurer, d'expliquer pourquoi ils marchent tous sans vraiment le convaincre.  Oui, mais pourquoi ils jettent des pétards et ils boivent de la bière? Pourquoi ils font pas comme en Egypte ou en Tunisie? ... C'est  vrai que ça boit beaucoup beaucoup beaucoup. Certains ne marchent pas vraiment droit... soit... la question n'est pas là, elle est dans la comparaison avec ce qu'il a vu à la télévision... Je lui dis que la prochaine fois cela pourrait se passer plus mal. Qu'il arrive que les gens d'ici se fâchent vraiment aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais en regardant autour de moi les 'camarades', j'ai eu comme un doute...

jeudi 24 novembre 2011

This is the end... le retour


C'est le genre de courrier qu'on attend de recevoir avec impatience. Vous rentrez tranquille chez vous, coup d'oeil dans la boîte à lettres, pub, pub et  BNP Paribas-Fortis. L'attente est impossible et on ouvre bien vite l'enveloppe.  Choueeeette... une offre pour une assurance obsèques... Je n'ai pas lu le machin, mais j'imagine qu'on vous propose de verser chaque mois une petite somme qui servira à couvrir les frais de vos obsèques, histoire de ne pas ennuyer votre famille. Non, mais de quoi je me mêle Fortis Paribas BNP!!?? Rien que je vais mettre de côté pour qu'on me mette en terre. Ils n'auront qu'à se démerder la famille, ils feront ce qu'ils veulent, franchement c'est le cadet de mes soucis.

Enfin, me voilà prévenu, je suis entré dans une plage horaire où ça me pend au nez, casser ma pipe n'est plus une éventualité, c'est désormais une certitude. Cela reste imprécis quant à la date, mais ça finira bien par arriver. Bon, pas la peine de se trouer l'estomac pour si peu. N'empêche, y'en a qui manquent pas d'air comme on dit.  Quand j'ai eu quarante ans, j'ai commencé à recevoir des publicités pour des magazines et des salons pour le 3e âge, Zénith que ça s'appelle je crois, je n'y suis pas encore allé, mais je vous dirai, promis. Puis, un jour, à la parfumerie, le vendeur, jeune con à lunettes, m'a proposé des échantillons d'anti-rides... Jusque là, je n'ai pas encore de colis remplis d'alèses et de couches-culottes, mais je sens que ça ne saurait tarder.

Impatients? C'est ici que ça se passe.

mercredi 23 novembre 2011

Piet en Liesje



Quand j’étais petit, on avait aussi des cours de Langue et de Culture d’Origine à l'école. C’était des cours de néerlandais. C’était d’ailleurs les seuls cours de langues que nous avions. Ca a commencé en 3e année primaire. Je ne me souviens plus du nom du professeur, mais je me souviens qu’il nous faisait chanter ‘Het is tijd mijn vriend Coumbaya’.  Je ne suis pas certain que c’est une chanson flamande, mais nous chantions cela en chœur, après avoir appris qu’en Flandre tous les garçons s’appelaient Piet et les filles Liesje.   Ca a duré comme cela pendant 12 ans… les années de primaire, de secondaire et dans le supérieur.  Je crois bien que pour la plupart de ceux qui comme moi ont suivi ces cours, cela surtout servi à nous dégoûter de cette langue et à nous éloigner de la culture et de la population flamandes.

Moi, ce que j’ai appris des Flamands, je l’ai appris avec Leona, l’épicière de la rue des Quatre-Vents où j’allais acheter mes bonbons, avec Anne-Marie, une amie de ma maman, qu’elle avait rencontrée à la maternité et avec Rodolphe, mon vieux voisin limbourgeois qui s’est suicidé un an après que sa femme mourut.

Les Piet et Liesje, les de et les het, les temps primitifs… tout ce brol n’a finalement servi qu’à faire baisser notre moyenne et à penser que les Flamands étaient aussi vieillots que le jésuite qui nous donnait cours… J’ai mis du temps à savoir que les Flamands écrivaient, je veux dire qu’il y avait des écrivains flamands. On lisait des bouts de textes, mais jamais de livres et jamais de journaux.  Cela a pris du temps pour que je me rende compte qu’il y avait des écrivains importants – traduits en français, mais en France -  et des journaux qui racontaient le monde d’une autre manière, pas forcément plus idiote que la nôtre.

Apprendre une culture et une langue, cela passe par la rencontre avec des gens, par des moments passés avec eux. C’est la seule manière d’éviter de ne visiter que des musées ou de feuilleter le catalogue de la Redoute des idées toute faites sur qui est et sur ce que fait l’Autre.  Le français, ma langue maternelle, et la culture française (ou francophone) je les ai appris au contact de ceux qui m’entouraient, pas dans les livres, pas à l’école.  Les livres sont venus plus tard ; sinon, j’aurais pu croire que tous les garçons s’appelaient Marc et les filles Martine.

Avoir envie d’apprendre une langue et une culture, c’est avoir envie de rencontrer et de connaître des personnes, sauf pour l’anglais et le chinois qu’on apprend pour chanter des chansons et pour faire du fric. Alors autant faire cela dès les premiers jours, dès les premiers pleurs, entourez vos enfants de sons et de mots qui ne sont pas les vôtres, ça sera toujours ça de gagner sur l’agacement qu’on peut ressentir à l’écoute de tous les sabirs qu’ils rencontreront plus tard ; et tant qu’à faire, ces personnes, plutôt que d’aller chez elles, invitez-les chez vous, vous verrez ça ne mord pas et ça ne mange pas de pain. Quoique.

Ce billet passera le samedi 26 novembre à 15h dans l'émission BabelOndes (Radio Campus)

dimanche 20 novembre 2011

Aaah les grands écrivains...


J'ai reçu l'information par une copine qui y présentait ses livres. Je passerai que je lui avais dit. Il m'arrive de tenir mes promesses, me voilà donc parti pour la 9e édition de la Foire du Livre belge, au Centre Culturel d'Uccle. Dis comme ça, cela semble l'événement du week-end, sauf que, il y a eu peu de ramdam autour et que tout tenait dans une salle.  Vous me direz quantité et qualité ne sont pas toujours bons amis. Et vous aurez raison.

Mon fils a passé son temps a feuilleter des bandes dessinées. J'ai fait trois fois le tour des stands en écoutant Luc Beyer raconter l'histoire de Belgique. Je me suis arrêté devant la table où il y avait les livres d'une Isabelle Fable que je ne connaissais pas. Moi myope et elle sous pseudonyme, cela ne pouvait que nous rapprocher. Et voilà que nous papotons. Je feuillette. Je lis.  Arrive un barbu qui traîne une dame par le bras et les voilà qui s'installent devant l'échoppe de Madame Fable, en caquetant que puisque c'est comme ça, on va discuter ici. Le barbu c'est Gérard Adam, le Grand Gérard Adam, l'Illustrissime Gérard Adam qui râle parce que mon pied gauche et l'arrondi plus qu'approximatif de ma fesse gauche empiètent sur l'espace dédié à l'Oeuvre du Maître.  Vous savez, il fait cela avec tous les auteurs qui s'installent ici, il ne supporte pas qu'on vienne discuter comme ça, c'est d'un mesquin ... 

 L'environnement ayant une influence certaine sur les comportements, Uccle, et ses gens bien propres sur eux, ne pouvait déclencher chez moi qu'une attitude des plus débridées... j'ai donc mordu sur ma chique, mis mes mains en poche... restait l'arrondi tout aussi approximatif de ma fesse droite qui n'a pu éviter la rencontre avec quelques-uns des romans de Gérard A, qui malgré leur légèreté ont fini à terre.


mercredi 9 novembre 2011

Corps accord


Je passe beaucoup de temps dans les transports en commun, et donc également dans les stations de (pré) métro, de chemin de fer.  On y croise du monde, on en évite, on en bouscule... Je suis toujours surpris, au minimum, par la manière dont les gens se déplacent.  C'est à croire que la plupart ne savent pas qu'ils ont un corps ou ne savent pas jusqu'où il va ou à quoi il peut bien servir... Il y a qui ne sait pas où aller et zigzague sans fin.  Il y a qui y va d'un bon pas et s'arrête paf devant vous. Il y a le/la même qui arrivé(e) à la fin de l'escalator s'arrête idem cherchant où aller. Il y a les encombrés de sacs dorsaux, ventraux ou latéraux qui restent coincés ou coincent. Il y a ceux qui vous obligent à penser pour eux à ce qu'ils vont faire, anticiper, toujours anticiper. Il y a les lourdauds. Il y a les encombrants.


Je n'ai jamais aimé les cours de gym à l'école. Je ne dois pas être le seul. Mes filles aînées ne sont jamais allées à la piscine, elles avaient toujours une bonne excuse ou étaient tout simplement absentse. Quoiqu'on dise, tout le monde, ou presque, se fout du cours de gym/sport. Et, honnêtement, c'est un peu normal non? Pourtant, reste qu'on devrait apprendre aux enfants à connaître leur corps. Je ne parle pas de gymnastique ou de sport. Je ne parle pas d'éducation sexuelle; tout cela a sans doute sa place, à un moment donné, dans le cursus scolaire; mais d'un lieu où l'on apprendrait qu'on a un corps, où l'on apprendrait à bouger, danser... parce que, regardez autour de vous, c'est lourd, c'est lent, c'est moche, et il n'est pas question du physique, cette façon de bouger, de marcher, de glisser... de la légèreté crénom!!

dimanche 30 octobre 2011

Trompe-la-Mort


Hier, c'était l'ouverture de Trompe-la-Mort, l'exposition à laquelle je participe avec six photos. Nous avons - Frédéric Furnelle, Valentin Boucq et moi - la chance de pouvoir occuper une chapelle du Cimetière de Laeken.  Frédéric propose des photos prises lors d'un voyage à Madagascar, il a assisté à la famadihana, la cérémonie de retournement des morts, durant laquelle les défunts dont exhumés et placés dans une nouvelle natte. Valentin, lorgnant du côté des 'Idées noires' de Franquin, met en scène des trompe-la-mort, humour noir et 36e degré au rendez-vous. Quant à moi, je propose certaines des photos de la série 'Mécanique des fluides'.
Quoi!!! Vous n'y étiez pas??? Alors, elles sont visibles du mardi au dimanche de 8h-16h, jusqu'au 18 novembre.  Il y aura aussi une nocturne le 17 novembre, visite flambeau du cimetière et de l'exposition, avec des comédiens et des chanteuses lyriques, à partir de 19h tapantes.


vendredi 28 octobre 2011

Que du beau monde


Je ne me souviens pas bien, mais je crois que j'ai du signer la pétition de soutien au cinéma Arenberg.  J'y vais de temps en temps. Je ne me suis jamais; ou rarement; senti bien accueilli, pas ou peu de sourires, l'impression de déranger, mais soit, j'ai du mal tomber à chaque fois.  Par contre la programmation, à peu de chose près, et les toilettes sont parfaites. Oui, je crois bien que j'ai du la signer cette pétition.

Ce soir, je suis passé par là.  J'ai regardé distraitement ce qu'on y passait.  Parmi les photos de films et les photocopies des critiques des journaux et des magazines, il y avait la liste des signataires de la pétition. Bon Dieu... des sociologues, des réalisateurs, des professeurs, des architectes, des comédiens... rien que du bon monde... ces noms et ces fonctions... Ben moi, ça m'a mis mal à l'aise cette liste. Soit il n'y a que ce genre de personnes-là qui l'ont signée leur pétition.  Soit il a été décidé de n'afficher que ces noms et ces fonctions.  Je pense que c'est la deuxième option. Bande de cons...
 

mercredi 19 octobre 2011

Nous sommes!!!! Nous sommes!!!!....



Nous sommes!!! Nous sommes!!! La résistance nationale!!!... et blablabla et blablabla... C'était dimanche au Mont des Arts.  Une bande de gars avec des drapeaux qui chantent des trucs qui font rire tout le monde présent. Certains les engueulent. Certains les insultent. Ils continuent imperturbables. Ils crient qu'ils veulent de l'Ordre, de la Justice et de la Sécurité. Ils crient qu'ils veulent enfermer la racaille.

Et puis, les "chefs"; secrétaire ou vice-président ou je ne sais quoi, et d'ailleurs eux non plus n'avaient pas l'air de savoir, de Nation et du Front National Belgique lisent leurs notes. Ils parlent des bien-pensants, des politiquement corrects, des bisounours de service, des mondialistes inconscients, ... enfin la logorrhée habituelle des partisans de l'ordre et des vérités à rétablir. On l'entend là. On la lit et on l'entend de plus en plus souvent dans les médias.

Bon. J'avais fait quelques clichés. J'avais écouté d'une oreille. Je les avais laissés à leurs élucubrations Et demain, on parlera de cette prise de parole dans tous les journaux.  Ceci marque le retour au premier plan de Nation et du Front National... et blablabla et blablabla... Et puis, hier soir, j'ai regardé le document sur l'accession au pouvoir de Hitler. J'aurais pas du.



jeudi 13 octobre 2011

A la moutouelle




Quand j’étais petit, longtemps j’ai cru que pour être syndicaliste il fallait être italien.  Un conflit social. Une manifestation à Bruxelles. Une restructuration. Une caméra, un journaliste et hop il y avait toujours bien un Camarata ou un D’Orazio pour expliquer, revendiquer, menacer, en roulant les rrrrr ou pas.  J’ai donc longtemps cru qu’être Italien c’était une condition sine qua non, comme pour être à la moutouelle.  On n’appelait pas cela des niches ethniques à l’époque,  c’était il y a quoi… 40 ans ?, mais les Italiens, ils avaient leurs spécialités, c’était les Rois de la moutouelle et des syndicats. 

D’ailleurs, à la maison, on recevait ‘Il sole d’Italia’, un hebdomadaire spécialement destiné aux Italiens de la CSC ; ben oui, mon papa était à la CSC…  C’était écrit en italien, je ne comprenais pas grand chose, mais je me souviens qu’on parlait beaucoup de maladies professionnelles et de droit à la pension pour ceux qui rentraient en Italie.  Du coup, j’ai mieux compris pourquoi, dans la famille, branche belge, on taquinait mon père en disant que quand il n’était pas malade, l’Italien était délégué syndical ou pensionné, mais que pour en voir un travailler, c’était autre chose. 

Ooh, c’était pas bien méchant, c’était dans l’air du temps, comme ‘Tintin au Congo’, ça fait partie d’une époque, et non, jamais je ne demanderai qu’on interdise la chanson ‘A la moutouelle’ et je ne porterai pas plainte pour je ne sais quelle atteinte à je ne sais quelle dignité… d’ailleurs, écoutez : A la moutouelle, que la vie est belle…

Avouez que c’est magnifique ! Cet accent, cette saveur, ce ça sent le vécu… enfin à peu près…  Aujourd’hui, on oserait plus faire un truc pareil.  On dit certainement le même genre de choses, mais entre soi et sur d’autres.  N’empêche, je crois qu’il faut continuer à l’écouter…

Ca nous éloigne des syndicats… oui, non, pas vraiment… J’ai beau avoir vu des Francesco et des Roberto prendre la parole dans les médias pour expliquer la position du syndicat, je ne suis toujours pas sûr d’avoir bien compris sa position quant à l’immigration, au syndicat.  Oui oui, je sais, ‘Prolétaires de tous les pays unissez-vous’, mais bon, de tous les pays… chez eux… quand ils partent pour ailleurs, c’est tout de suite moins glamour… Et puis, quand ils ne travaillent plus hein… les syndicats ça aide les travailleurs, les chômeurs… et de tous les pays encore bien, c’est comment dire… Alors, moi je dis que les Sans-Papiers, ils sont bien gentils, mais c’est pas vraiment  ça qu’il fallait pour leur faciliter les choses aux syndicats.


Ce billet passera sur Radio Campus  les samedi 29/10 à 15h et jeudi 2/11 à 10h; lors de l'émission consacrée à syndicats et immigration.


mardi 27 septembre 2011

Homeless

La veille de jour de congé, c'est chouette.  Souvent, on regarde la télé jusque tard.  Hier soir, on est tombé pile poil sur "Homeless : the Motel Kids of Orange County" de Alexandra Pelosi. C'est un film documentaire sur le enfants de familles vivant dans des motels faute de moyens suffisants, et les familles s'entassent à 4, 5 ou 6 dans une grande pièce, les parents travaillent parfois, parfois pas, dans un ou souvent deux boulots; mais là comme ailleurs, travailler plus pour gagner plus, ce n'est qu'un slogan de nain de jardin.  Le film montre comme l'école - un projet spécialement destiné à ces enfants du naufrage américain - accueille des à peine grandis qui n'ont déjà plus d'espoir, plus d'envie, plus de rêves.

On regardait ça et j'observais mes petits rire aux bêtises que font tous les enfants du monde, serrer les dents quand ceux-là racontaient qu'ils avaient peur des gangs qui venaient dealer, ouvrir grands les yeux quand ils disaient la violence des hommes qu'on venait arrêter parce qu'ils avaient fait mal à une maman.  Et puis, Emma Oh mais ils ont un Gameboy... Moi Oui et alors? Emma Ben ils pourraient s'acheter de la nourriture plutôt que de dépenser à des jeux... L'argument imparable... La bonne parole du bon peuple était là, à côté de moi... Comment ça arrive ça? J'ai passé le reste du film à me demander d'où ça lui était venu cette évidence... J'ai encore du rater un truc... 

samedi 24 septembre 2011

C'est quoi ça!!!?


Le voyage de retour s'annonce tranquille. Il est presque tard et beaucoup sont fatigués, alors, à part l'une ou l'autre conversation gsmesque, c'est le calme plat sur le parcours du tram 32.  Et puis, le gars à côté de moi s'emporte C'est quoi ça!!!! Il me regarde. Je me demande ce que j'ai bien pu faire pour le mettre dans un état pareil. Il me dépasse d'une bonne tête et est plus large de quelques épaules. Je me dis que je vais devoir réfléchir plus vite que d'habitude.  Ce n'est pas après moi qu'il en a.  Je suis son regard. Face aux portes, un gars pisse, il pisse à la manière des marins du port d'Amsterdam, ça pisse dru, ça pue et ça n'a aucune poésie. Il tient sa queue d'une main, son demi-litre de Carapils de l'autre et il pisse. Le géant demande à ses deux enfants, dans les 4-5 ans qui eux s'amusent de la situation, de regarder ailleurs. Je me dis qu'il va s'en prendre une, que c'est pas possible autrement. Emmerder un géant, c'est jamais très malin. Emmerder un géant qui se fait du mouron pour ses petits, c'est carrément con et dans ce cas-ci suicidaire. A peine l'Amstellodamois d'occasion a-t-il terminé son arrosage que je l'attrap par le col et le fous hors du tram.  Il s'est demandé comment il est arrivé sur le trottoir aussi rapidement, il gueule des trucs que personne ne comprend, il est pas content, mais il a gardé toutes ses dents. Le tram reprend son voyage. Je fais un clin d'oeil au géant qui me regarde, sans plus.

mercredi 14 septembre 2011

Exercice d'assoupissement


Je sais pas vous mais il m'arrive régulièrement de m'endormir au cinéma.  Encore ce soir, je suis allé "voir" 'Beginners', et bien ça n'a fait ni une ni deux, à peine les publicités terminées et le défilé des boîtes de production entamé, j'ai piqué du nez. J'ai émergé quelques fois, il y avait des rires derrière moi; on devait certainement voir ma tête aller et venir; c'est la quinte de toux de ma voisine de droite; quelle enquiquineuse celle-là; qui m'a ramené dans l'histoire.  Bon, autant le dire de suite, je n'ai pas eu de mal à suivre ni à m'ennuyer, heureusement, il y avait Christopher Plummer, en septuagénaire nouvellement veuf qui annonce à son fils, Ewan Mc Gregor (transparent), qu'il est homosexuel et qui termine sa vie heureux comme jamais.
Et vous savez quoi, je ne regrette jamais de m'être endormi. En général, le film est mauvais. Une seule fois, je suis resté pour le voir en entier à la séance suivante, c'était 'Le nom des gens', sinon, c'est comme si je devinais que cela sera moyen.  Et puis, quand même, croyez-moi, c'est une manière particulière de voir un film; qui de toute façon ne m'aurait pas plu; émerger de temps en temps dans une histoire plus ou moins compliquée et essayer de comprendre, ça me plaît assez, et quand ça ne me plaît vraiment pas, je peux toujours essayer de me rendormir.
Bon, demain, je vais "voir" 'Melancholia' de Lars Von Trier...



mercredi 31 août 2011

Rentrée scolaire




Voilà une dizaine de jours que je fais des cauchemars. On s'introduit chez moi pour m'assassiner, des bombes explosent un peu partout dans Bruxelles ou encore je n'ai plus de jambes et je dois courir... Et là, on y est, demain, c'est la rentrée scolaire. Je déteste ça. J'imagine  les Madame a dit, les Il faut ça pour demain, les Il y a un avis pour les classes vertes... et ça m'énerve déjà... vivement le 27 septembre, les vacances de Toussaint et le week-end prochain!

La fin des vacances, c'est un peu comme la fin de la vie, on n'a pas vraiment envie que ça arrive et ça arrive toujours trop vite et on y peut rien. On y peut rien, alors, bien sûr, on a qu'à se dire que comme on y peut rien, autant prendre tout ça avec calme... oui, c'est ça,  rester calme... en tout cas jusqu'au premier Mais Madame a dit...


samedi 20 août 2011

Droit à l'image



Ca arrive régulièrement. Je prends une photo et ça ne rate pas, quelqu'un(e) me demande ce que j'ai pris, s'il (elle) peut voir, que je pourrais demander la permission quand même, enfin ce genre de banalités. Soit.  Souvent, cela s'arrange; je n'ai pas pris de photo du quelqu'un , et si c'est le cas, il est très simple de sauter la photo  et d'en montrer une autre.  La naïveté est très répandue. Je ne montre pas la photo prise mais je l'efface. Jouette mais réglo.

Parfois ça se passe moins bien.  Comme hier nuit.  Métro Rogier.  Une expression sur un mur m'arrête. Je sors l'engin, je cadre, je clic-claque, je regarde, c'est bon.  Un gars fait demi-tour.  J'peux voir ce que t'as fait là? Je lui montre le mur. Ouaih mais montre! Je lui montre. Il tourne les talons. Pas un mot, rien. Ca m'énerve un peu. T'es content? Il s'arrête, se retourne et revient vers moi comme un Lino Ventura en manque d'action. Je marche, j'entends un clic dans mon dos, j'ai le droit de savoir ce qui se passe!! Nos fronts se font face à deux trois centimètres genre footballeurs assurant le spectacle, tempérament méditerranéen dans toute sa splendeur imbécile. Ben t'as vu, y'spasse rien, alors pourquoi tu te mets dans un état pareil? Reste un centimètre... Nos sommes yeux dans les yeux. C'est absurde. Je lui dit C'est absurde... regarde t'es entouré de caméras dans cette station, t'es filmé et photographié sous tous les angles et tu m'emmerdes pour une photo que j'ai pas faite!!  Nos fronts en restent là. Laisse tomber... Il fait demi-tour... Et un excuse-moi? Il s'arrête... serre les poings... Il est temps que je m'en aille.

dimanche 14 août 2011

En route pour de nouvelles aventures



C'était il y a dix ans, je venais de me mettre au lit, je regardais le plafond. Il manquait quelques minutes pour que j'entre dans ma quarante et unième année.  Je me demandais ce qui allait changer.  Les minutes passaient comme elles savent le faire.  J'imaginais que c'était un cap, une ligne à franchir, un changement lent et irrémédiable qui me conduirait vers je ne sais quoi. Mais ce n'est pas vraiment cela qui m'occupait les méninges.  Mon souci était qu'avoir quarante ans signifiait entrer dans l'âge adulte. Alors, je me disais qu'il allait falloir refaire ma garde-robe, m'acheter des pantalons moins ceci et plus cela, mettre une cravate de temps en temps, arrêter de dire et de faire des couillonneries, commencer à prendre les choses au sérieux... les idées défilaient, le programme prenait forme.

C'était avant-hier. Je suis au lit. Je regarde la fenêtre. Il est minuit passé, je suis entré dans ma cinquante et unième année.  Je repense à la nuit d'il y a dix ans. Je ne me souviens pas de tout ce qui s'est passé pendant ces dix années.  Je sais que pas mal de choses ont changé. Des bonheurs, des catastrophes, des séparations, des rencontres, des joies, des déceptions, ... le lot de chacun.  Je porte les mêmes pantalons, je n'ai pas acheté de cravate, j'ai trouvé de nouvelles couillonneries à dire et à faire, je ne prends pas plus les choses au sérieux qu'avant, ou alors, oui, avec le sérieux que met l'enfant à jouer.  J'espère ma route encore longue et aussi surprenante qu'elle l'a été jusque là.   Je ne sais rien de ce qui m'attend dans les heures et les minutes qui arrivent, et ça, c'est vraiment formidable.

 

samedi 6 août 2011


Un samedi après-midi comme un autre, sauf que je suis dans une file à la Fnac. Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour la consommation. J'observe. Un couple. Côte à  côte. Il tient fermement un énième avatar de World of Warcraft, ses yeux pétilles, ses lèvres accompagnent la lecture de la description des batailles à venir.  Elle tient avec précaution Un couple pour la vie. C'est possible!  Ses yeux pétillent. Elle sourit en découvrant les trucs et astuces qu'elle se sent prête à faire pour le garder près d'elle longtemps encore. Lui est à la caisse et s'impatiente. Elle le regarde amoureusement et avance.

mardi 19 juillet 2011

La route


Les vacances, ça a longtemps été la route. La veille du départ, on se couchait tôt, on ne dormait pas, on se levait encore plus tôt et on ne dormait toujours pas. Papa rouspétait. Ni plus ni moins que les autres jours, c'était simplement un rouspetage de vacances. Le départ se faisait dans l'énervement le plus complet, alors que justement, si on avait du aller dormir tôt, c'était pour être en forme, reposé et de bonne humeur... A 5 heures du matin, il n'était pas toujours simple de s'en souvenir.

Une fois en route, plus question de s'arrêter, il fallait arriver le plus vite possible. On mangeait à peine, on pissait presque pas et on écoutait RTL durant tout le chemin.  C'est dire l'ambiance festive.  Pourtant, et malgré tout ça, les départs en vacances, j'aimais bien, il suffisait de prendre tout ça à la rigolade, penser que tout ça finalement n'était qu'une vaste blague, que c'était une épreuve infligée par je ne sais quel pervers, et tout se passait bien. Les paysages défilaient. Les poteaux indicateurs perdaient régulièrement des kilomètres et nous savions qu'au bout de la route, mon père dormirait longtemps, histoire de nous laisser récupérer et faire ce que l'on voulait. Jusqu'à son réveil.

mardi 12 juillet 2011

Gjovalin



Le rendez-vous est à 11h.  Evidemment, je suis parti sans noter l'adresse et j'hésite pour le numéro.  Je cherche et trouve.  Les proverbes, ça finit toujours par marcher.  Il m'ouvre, me fait entrer et m'installe.  Je suis venu pour interviewer Gjovalin Nonaj, un virtuose de l'accordéon, qui a participé, dès le début, au Monde en Scène.

Tu veux boire quelque chose? De l'eau. De l'eau... ? J'apporte slivovitch! 

Il est 11h15... mais comment refuser?  L'interview dure deux verres de slivovitch.  Une fois l'enregistreur éteint, la discussion continue deux verres de plus; et comme souvent, ce qui se dit quand rien n'enregistre est plus intéressant, mais quatre slivovitch empêchent de noter convenablement ce qu'il dit. Tant pis, je tâcherai de m'en souvenir.

Il est 12h15.  Il me raccompagne. Dehors, il fait beau, chaud. Je marche et je souris bêtement.

samedi 9 juillet 2011

... continuez


L'avantage de ne pas avoir de voiture, de ne pas même savoir conduire, c'est qu'on marche, et que quand on marche on voit des choses que les gens à roues et à roulettes ne voient pas, ne voient plus.  Les rues sont pleines de poésie, de comédie, de jolies phrases et de jolis mots.  Je les guette, j'essaie de les garder. Griffonnages, tags, mots à la craie laissés au bon vouloir de la pluie... Quand j'en parle, il en est beaucoup pour trouver ça laid, dire que c'est du vandalisme ou pas loin, que c'est des conneries, que quand même qu'on efface tout ça... Je n'arrive qu'à y voir des traces laissées, des appels au secours ou à la révolte, des cris d'amour ou de colère, et je me dis que c'est bien.  Je me dis aussi que les gens à roues et à roulettes ne voient eux que d'immenses panneaux leur demandant de consommer, d'acheter, de dépenser.  Alors, oui, à tout prendre, je préfère de loin ceux qui, souvent anonymes, couvrent les murs, les portes, les panneaux ou simplement une pancarte (comme ici) de mots, d'idées, de coups de gueule ou de coeur. La rue est à tous et les vandales, ce sont ceux qui la privatisent et laissent abîmer l'horizon avec des appels à la dépense.


mercredi 29 juin 2011

L'école est finie


Nous sommes en avance.  Le rendez-vous est à 10h15.  Il est 9h30. Nous entrons à la Pergola et nous commandons, elle un jus d'orange, moi un café serré. Comme à son habitude, Emma parle, de tout et de rien. De Justin Bieber, de la fin de l'année, de sa copine qui a doublé, de... de... Souvent, elle finit par m'agacer. Là, j'écoute, je me laisse bercer par les mots qui se suivent... Beyoncé, untel qui est trooooop beau, le jus d'orange qui est trooop bon, le nougat qu'elle n'aime pas... de ... de .... J'écoute et je suis bien. Je la regarde, je fais hum hum, je réponds comme ça vient.  Elle vient de terminer sa première année en secondaire. Elle a réussi.  Elle est contente. Elle est fière. Moi aussi. Bien sûr, plus facile à penser qu'à dire, alors, je fais hum hum, je souris bêtement et je commande un autre café serré.

jeudi 16 juin 2011

Courez jeunesse...


Le matin, il m'est toujours pénible de regarder les mères qui se dépêchent et qui emmènent leur(s) enfant(s) par la main.  Je dis les mères, mais cela vaut aussi pour les quelques rares pères que je rencontre... mais elles sont largement majoritaires dans cet exercice matinal. Les petits bouts courent comme ils peuvent. Arrivés à bonne hauteur, ils font un ou deux pas à leur rythme, mais très très vite, ils doivent accélérer, non pas qu'ils perdraient leur mère; ils le croient peut-être, un temps; mais ils seraient bien vite déséquilibrés et finiraient sur les genoux, et ils seraient aussitôt relevés manu militari.

Il n'y a pas seulement lorsque le temps presse que les enfants doivent courir... A n'importe quelle heure de la journée, ceux qui tiennent leur(s) enfant(s) par la main procède de la même démarche.  Cela va moins vite bien sûr, mais il demeure que les petits d'Homme trottinent plus qu'ils ne marchent.  Ils lèvent parfois la tête pour regarder ce qui se passe autour d'eux.  Ils essayent parfois péniblement de mettre en bouche le biscuit qu'ils ont reçu quelques minutes plus tôt.  Ils tendent parfois désespérément la main pour caresser le chien qu'ils viennent de dépasser. Mais, ils doivent courir et encore courir...

mercredi 8 juin 2011

Rencontres


Le plaisir d'ouvrir les yeux le matin est aussi celui de savoir que ma journée sera faite de rencontres.  Je sais que je croiserai des inconnu(e)s qui, quoi qu'il se passe, laisseront une trace, une anecdote, un épisode, un chapitre dans ce qui est mon histoire; on ne sait pas la place, l'importance que prendront ceux que l'on rencontre, alors je m'attends toujours au mieux.

Là, c'est Marc.  Il officie au Vino Vino, à Namur.  C'est le genre de gars dont le sourire et les yeux rieurs parviennent sans effort à vous remettre d'aplomb. Quoi boire? Faisons confiance. Il y aura un Barbera du Piemont.  Il y aura un autre rouge du Ventoux. Et puis, manger aussi.  Il y aura des charcuteries, du lomo, des rillettes, du salchichon, du prosciutto, avec du pain, juste comme il faut. Il y aura de quoi être bien pendant un temps.

Quelques jours plus tôt, dans le métro, il y avait un vieil homme, djellaba et chechia, qui peinait à descendre un escalier.  Nous l'avons aidé, avec un collègue, à attendre le convoi.  Il allait à Lemonnier.  Nous l'avons rassuré Oui, c'est bien par ici.  Nous l'avons fait grimper dans la voiture et aidé à s'asseoir.  Il a papoté avec un gars derrière lui.  Il a 104 ans... Pardon? Ce monsieur a 104 ans... C'est la première fois que je voyais quelqu'un d'aussi âgé.  Un rapide calcul m'a fait prendre conscience que j'atteindrai cet âge en 2065. Lemonnier. Nous l'avons aidé à se relever et à descendre.  Merci à vous trois... à vous quatre... et même à vous cinq... Tout le monde y passait. Il est descendu et a poursuivi son vieux bonhomme de chemin.

2065 c'est loin... reste Namur...

 

dimanche 29 mai 2011

C'est lui là


Je sors de l'exposition de Jeff Wall au Bozar. N'y allez pas.  Ce n'est que mon avis, mais n'y allez pas quand même.  Ou plutôt allez-y, c'est vrai que pour €8 vous saurez ce qu'enculer les mouches veut dire. Enfin, vous ferez comme vous voulez.

14h38 entrée dans l'exposition.  On se balade. On regarde. On écoute (ben oui, il y a un baladeur audio qui vous explique comment on encule les mouches). Je regarde les visiteurs. C'est toujours drôle les gens qui visitent une exposition.  Alors, je sors mon appareil photo et j'attends de cadrer comme il faut.  Dans l'objectif, je vois une dame qui me montre du doigt et qui s'éclipse.  Mon oeil quitte l'objectif.  Un gars en uniforme apparaît.  Il vient vers moi. Pas besoin de connaître le langage des signes pour comprendre que je dois ranger mon appareil.  Je le fais, après tout, il ne fait que son boulot ce monsieur.  On ne peut pas  faire de photo, un point c'est tout, et il me le fait comprendre.  Ce qui me laisse perplexe, c'est cette brave dame qui a été chercher le gardien pour lui indiquer que quelqu'un contrevenait au règlement.

Me voilà rassuré, il y a encore des gens bien. 

mercredi 25 mai 2011

Mozart


Samedi dernier, c'est Lady Gaga qui accompagnait l'attente des voyageurs souterrains bruxellois.  Je ne sais pas qui a eu l'idée de ce truc, mais ça a dû lui rapporter de quoi aller quelques fois au restaurant.

Hier soir, retour tardif à la normale.  23h45.  Station Madou.  C'est un quatuor à cordes qui meuble le vide de la station.  J'ai lu que le choix de la musique classique en soirée, dans le métro, avait été fait pour rendre l'environnement moins agressif, plus calme, moins inquiétant. En descendant ces marches, j'ai repensé à Orange Mécanique  et à Funny Games  et je me suis dit que si des zozos en blanc m'attendaient au bas de l'escalier, la petite musique de nuit serait un bel accompagnement musical à ma mise à mort.

vendredi 20 mai 2011

Se souvenir



On ne fait pas de photos aux funérailles.  On en fait à tous les moments importants de notre vie.  Mais aux funérailles, non.  C'est pourtant un moment important.  Enfin, il me semble. Aujourd'hui, c'est une tante qui s'en allait. Alors, on est là.  On accompagne les tout proches.  On repense aux moments passés avec celle qui, quoi qu'on pense, fait partie de notre vie; les vacances à Oostende, les samedis soirs passés avec mon cousin, la lecture effrayée d'une Bible en bandes dessinées, les dimanches où j'allais avec mon parrain, son mari, au marché et prendre un verre, lui un verre de vin et moi un fanta.

On est assis. On se souvient.  On écoute ce que les uns et les autres ont à dire de celle qui n'est plus.  Mais personne ne prend de photos.  Les photos de funérailles, c'est pour les gens célèbres, ceux qui font l'histoire, ceux qui font vendre des journaux.  Ce matin, personne n'a pris de photos.  Alors, il nous restera des souvenirs, quelques mots, des sons, de la musique, des sourires et des larmes.

lundi 16 mai 2011

C'est pour rire


J'ai vite vu que quelque chose n'avait pas été.  Il s'est passé quoi? Ben j'ai eu un mot... Encore? Et tu as fait quoi?  J'ai rigolé... T'as rigolé?  C'est tout?  Montre...

Il m'a montré le mot dans son journal de classe... qui disait Deux fois en quelques jours, qu'arrive-t-il à Ugo? Il doit arrêter de rire en classe.  En rouge, évidemment. J'ai signé l'affaire.  Je lui ai dit de ne pas s'inquiéter et de rire si cela arrivait, pas tout le temps - Non ça bien sûr qu'il m'a dit - et puis, je lui ai dit que le plus important c'était de ne pas se faire prendre, pour le reste...

Arrêter de rire... à 10 ans... Qu'il rie, et le plus longtemps possible... ça lui évitera de devoir s'inscrire à un yoga du rire quelconque.

mardi 3 mai 2011

1,3°





Demain, mon fils dira son texte d'élocution devant la classe.  Comme sujet, il a choisi la bière.  Comme on dit, un chat ne fait pas de chien; à la limite cela aurait pu être le vin.  Donc la bière.  Il connait ça sur le bout de la langue et des doigts.  Ca va être bien.  Je lui ai préparé une bouteille de bière brune de table pour qu'il puisse montrer ce que c'est.  Madame a dit qu'on pouvait pas goûter la bière...  J'ai beau lui dire que quand j'étais à l'école primaire, on avait droit à de la bière au repas de midi, rien à faire... Oui, mais Madame a dit qu'il y avait quand même de l'alcool et qu'on pouvait pas.  Je me suis obstiné M'enfin, c'est de la Piedboeuf de table... Oui, mais Madame.... J'ai laissé tomber. Mais parler de bière sans en goûter...

Quelle drôle d'époque... C'est vrai que chaque fois que je rappelle que nous recevions de la bière de table au repas, cela surprend; en tout cas, ceux plus jeunes que moi.  Pourtant, c'était le cas.  Il y avait de l'eau et de la bière.  Je n'en buvais que là. Je crois bien que mes vraies premières bières, je les ai bues quand j'avais 17-18 ans.  Cette bière qu'on nous servait ne m'a pas conduit à une carrière d'alcoolique, ni d'ailleurs les camarades de classe que je vois encore. Rien de bien grave semble-t-il.

N'empêche, je me demande ce qu'ils apprennent à l'école...


jeudi 28 avril 2011

Mariez-vous qu’ils disaient

 
Que les choses soient claires, je ne vous parlerai pas de ma vie sentimentale, ni de ma vie amoureuse, encore moins de ma vie sexuelle. Ni même de ma vie d’ailleurs, ça n’intéresse personne, même pas moi. Je vais vous parler de celle de mes parents. Comme ils sont morts, je ne prends pas beaucoup de risques.  Oui, c’est vrai, comme la plupart des enfants issus de l’immigration, je suis un peu lâche. Enfin, c’est ce qu’on dit.

Mes parents donc. Lui arrivé des Pouilles. Elle sortie du Pays noir. Comme l’aurait dit un comique devenu Président de la France, on a fait mieux comme entrée dans la vie. Mais chacun ses bagages.  Lui macaroni. Elle baraki.  Un couple mixte en apparence. En apparence seulement. Je crois qu’ils étaient faits pour se rencontrer, pour s’aimer le temps qu’ils pourraient, accueillir les enfants qui leur sont arrivés.

Ce qui aujourd’hui semble banal, les couples bigarrés, ne l’était pas il y a 60 ans.  Ma mère était avec un Italien.  On les regardait.  On les jugeait.  On ne leur a rien passé. .  Mon père est resté l’Italien jusqu’à la fin.  Drôle d’histoire.

Je ne me suis jamais demandé s’ils s’aimaient.  Moi, j’avais des parents.  Nous vivions ensemble.  Nous étions une famille.  Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.  Je n’en sais pas plus.  Et quand bien même il me serait venu à l’idée de poser la question, je ne crois pas qu’ils m’auraient répondu.  L’amour, je ne m’en préoccupais d’ailleurs pas.  Je ne sais pas à quel âge je me suis senti concerné, mais cela a dû être tard, vers 5  ou 6 ans.  Et quand cela m’est tombé dessus, je me suis débrouillé, je n’ai rien demandé à personne.

Comme dans toute nouvelle expérience, on procède par essai et erreur.  J’ai pas mal expérimenté.  Et j’ai fini par trouver.  Une Espagnole.  C’était il y a longtemps.  Et en ces temps reculés, l’Espagne n’était pas dans l’Europe et les Espagnoles, aussi jolies et sympathiques fussent-elles, ne pouvaient pas rester en Belgique comme elles le voulaient.  Alors, oui, je l’avoue, nous nous sommes mariés pour qu’elle reste.  On a arrangé ça en deux temps trois mouvements. Papiers à la clé.  Et quelques temps plus tard, nationalité belge en prime. La totale.  Le cauchemar des lecteurs de la DH.   Mais que voulez-vous, c’est une affaire de famille, on refait le coup à chaque génération.  Et tant que ça fonctionne, autant en profiter.

Enfin, profiter... je me comprends... mixte ou pas, arrangé ou pas, d’amour ou pas... une vie de couple, faut le vouloir... c’est pas Disney Channel tous les jours, alors, peu importe la raison pour laquelle on s’embarque dans un truc pareil, moi je dis bravo ! Je le dis même aux deux british tourtereaux qui vont tenter le coup dès samedi. Pas sûr qu’ils ont vraiment choisi et qu’on ne leur force pas la main, mais soit, je dis bravo !!

Voilà, comme promis je ne vous aurai pas parlé de ma vie sentimentale, ni de ma vie amoureuse, encore moins de ma vie sexuelle. Quoi que.

Ce billet passera samedi 29 avril dans BabelOndes sur Radio Campus 92.1 à 12h 

jeudi 21 avril 2011

...only when you dream


Mardi soir, Lisa Germano était au Botanique. Chaque fois qu'elle passe par ici, je vais la voir et l'écouter.  C'est ce que l'on appelle une vieille histoire d'amour.  

Il y a bientôt 5 ans, c'est elle que nous avions choisi pour terminer la messe de funérailles de notre petite soeur.  Nous avions choisi ...to dream : Don't give up your dream / It's really all you have / And I don't wanna see you die... 

Quand c'est arrivé, on ne savait pas, on a imaginé bien faire, on a espéré que cela lui aurait fait plaisir, on est allé chercher ce qui nous touchait, ce qui l'aurait touchée... Je ne sais toujours pas si l'on a bien fait. 

Chaque fois que Lisa Germano passe à Bruxelles, je vais la voir et l'écouter, j'attends qu'elle chante to dream et je pleure.