dimanche 27 février 2011

L'art à la portée de tous, sauf moi


Dans l'introduction d'un guide de Florence (ed. Autrement), Antonio Tabucchi raconte la mésaventure d'un homme qui débarque dans la capitale toscane et qui n'a d'autre envie que de découvrir toutes les merveilles de la ville.  Il fait le tour des églises, des musées, ... à un moment, il est pris de vertige, tombe et est secouru par d'autres visiteurs.  Un médecin qui passe par là décèle le trop plein d'art et de beautés qui lui a été presque fatal.  Le pauvre n'avait pas l'habitude.  Et cette accumulation d'oeuvres et d'intelligence, il ne l'a pas supporté. C'est courant chez le touriste, avait sentencé le médecin en s'éloignant.
C'est ce qui m'est arrivé cet après-midi.  Je m'en suis allé, l'esprit vif et l'oeil gourmand, voir l'Affordable Art Fair, à Tour&Taxis.  Du monde, trop.  Des oeuvres, trop. Des toiles, des sculptures, des photos, des installations. Trop. Trop.  Après trente petites et pauvres minutes, je ne pensais plus qu'à sortir de là.  J'étouffais, je perdais pied, j'allais m'évanouir j'en étais certain.  A peine sorti, la vie m'est revenue. Faut faire attention gars que je me suis dit, faut y aller mollo... Et je suis reparti la tête basse et les pieds lourds (tant qu'à s'avouer vaincu, autant le dire avec des clichés).

jeudi 24 février 2011

Libertartines


Hier soir, j'ai vu un bout de l'émission sur les fantasmes des Belges; oui oui, il y en a qui ne fantasme pas que sur un hypothétique gouvernement.  Bon, ce que j'en ai vu n'a pas révolutionné ma vision de la créativité humaine en matière de cabrioles, y'en aura toujours pour tous les goûts et c'est, hormis ce qui touche à la violence imposée, très bien ainsi.
Quoique, c'est l'interview d'un couple libertin qui m'a mis dans l'embarras.  Lui la petite cinquantaine, look créatif Ikea, elle près de la trentaine, gourmande de la vie. Ils racontent leurs expériences, disent que le couple ça ne dure pas, qu'un jour l'ennui s'installe et qu'il est temps d'arrêter. Mais qu'entretemps, autant en profiter, surtout sexuellement. Soit.  Dans la séquence, on les voit dans leurs différentes activités, plus ou moins acrobatiques.  Et puis, on les voit le matin, peignoirdés, s'attablant pour le petit-déjeuner, et c'est là que tout a basculé pour moi.  Le plan montre monsieur créatif de chez Ikea se préparer une tartine à la confiture (de fraises sans doute), il tartine ça avec sérieux, essuie son couteau sur la deuxième tranche, la plaque sur la première et la coupe en deux parts égales, comme le petit garçon de 10 ans qui apprend à le faire.  Et là, le choc frontal entre le baiseur-partageur et le tartineur-concentré, je ne l'ai pas supporté.  Il m'a fait penser à un fonctionnaire, fonctionnaire du sexe, mais fonctionnaire quand même. Alors, j'ai ri, tellement ri que j'en ai rameuté les enfants qui venaient de s'endormir. J'ai zappé.  Ils n'ont pas vraiment compris pourquoi j'étais hilare devant une pub pour de la lessive. Vous comprendrez plus tard que j'ai dit. Du coup, j'ai raté la fin de l'émission.

mercredi 23 février 2011

... and Ziggy plays guitar...


J'ai eu la chance d'avoir des professeures de français qui aimaient le théâtre.  On y allait plusieurs fois durant l'année et elles y allaient parfois de leur poche pour arrondir la somme totale.  J'ai eu la chance, à 15 ans, de voir le Café de la Gare, sur la scène il y avait Romain Bouteille, Miou-Miou, Patrick Dewaere... Patrick Dewaere... J'ai eu la chance un peu plus tard de voir la Fura del Baus, qui déboulait dans la salle avec un petit bulldozer, et on avait intérêt à se bouger si on ne voulait pas avoir les pieds écrasés.  Ce sont de beaux souvenirs de théâtre.  Pourtant, autant le dire de suite, je m'endors souvent au théâtre ou je sors avant la fin, ça m'ennuie, je suis déçu, mais sans doute que je n'y comprends rien.  Alors, hier, quand je suis arrivé au Théâtre 140, j'ai prévenu de ne pas hésiter à me secouer s'il me venait l'idée de ronfler.  Et bien... je suis resté accroché à mon fauteuil, les yeux grand ouverts pour ne rien perdre de "...Et puis j'ai demandé à Christian de jouer l'intro de Ziggy Stardust" de Renaud Cojo.  Allez voir ça!! Un spectacle pareil, encore encore!!! Se prendre pour Ziggy Stardust (ou n'importe qui d'autre) ça nous est arrivé à tous.  Se prendre pour un autre pour mieux savoir qui l'on est ou qui l'on pourrait être, pas sûr que l'on y arrive, mais ça vaut la peine d'essayer ... pour rendre compte de ça, la Compagnie du Chien Ouvert a recourt à la musique, la vidéo, la lecture, les hauts talons, les fumigènes, ... et même si ça manque de poupée gonflable, voilà un spectacle qui vous en met plein la vue et les oreilles.  En tout cas, voilà qui me donne envie d'y retourner plus souvent, au théâtre je ne sais pas mais au Théâtre 140 certainement.

jeudi 17 février 2011

Le champagne était excellent


Ainsi donc, la Foire du livre de Bruxelles commençait hier.  Chaque année, j'assiste à l'inauguration.  Je ne raterais cela pour rien.  C'est chaque fois un plaisir.  Que les choses soient claires, je n'y vais pas pour les livres.  Pour cela, je vais en librairie ou dans une bouquinerie.  Non non, si j'y vais, c'est pour voir des têtes connues, un peu, mais surtout pour boire du champagne et prendre plaisir à déguster des petits fours.  Outre le plaisir pris, c'est une manière de récupérer, ou plutôt de profiter de, une partie de mes impôts, d'ailleurs tout le monde devrait être invité ce soir-là et tous les jours en plus; mais non, ne le sont que les professionnels, les culturels, les obligés et ceux qui, comme moi, s'incrustent. En somme, du beau monde qui n'achètera rien, ou si peu, mais qui comme moi, vient se retrouver, se montrer, se congratuler et déguster des bulles.  Celles qu'on servait chez Bruylant étaient magnifiques, vraiment.  Et c'est amusant de voir juristes, avocat(e)s, notaires, profs de droit et tutti frutti faire semblant de rien, se rapprocher lentement et hop un petit four... et hop une deuxième flûte... Les codes, les recueils, les recherches en droit international, ou pas, les regardent faire, certains qu'on ne les dérangera pas.  Et je ne suis pas en reste, sauf que pour moi pas question de faire semblant, ce qui amuse celui qui me ressert pour la xième fois.  Allez, vivement l'année prochaine!

lundi 14 février 2011

Un coeur n'est finalement qu'un cul qui a mal tourné



Bon... 14 février... ça fait une semaine, deux même, qu'on nous rappelle qu'il va falloir consommer; c'est vrai quoi, les fêtes trépasées, les soldes terminées, il faut bien maintenir la cadence, alors on nous la joue grands sentiments et coeur qui bat. Et ça va marcher.  Oh, mais oui, bien sûr, ça peut-être drôle, pour qui sait y faire; moi j'ai jamais su, cela doit être pour cela que...; mais cela ressemble quand même fort à un forçage de main, non?
Je croyais être à l'abri, chez moi, dans mon propre chez moi... mais non... A quoi j'assiste ce matin...? Ugo, dix ans, qui se va et vient, papotant tout seul, comme souvent, Oùskejlaimis?  Mais oùskejlaimis...? Ca lui revient et il va chercher une petite boîte, avec un bel emballage... C'est quoi?  Un cadeau de Saint-Valentin pour Margaux (je ne suis plus très certain du prénom...). Un cadeau de Saint-Valentin... à dix ans... on dira que l'honneur des Bortolini est sauf... mais quand même...

mercredi 9 février 2011

Vers les beaux jours



C'était les beaux jours.  Ceux où les enfants font la sieste.   Ceux où je les accompagnais.  Ce sont parmi les plus beaux souvenirs de ma vie d'homme. M'endormir, en plein après-midi, avec eux.  J'ai retrouvé cette photo par hasard.  Les souvenirs sont là, mais je ne savais plus qu'il m'en restait une trace. J'aime ce commun abandon.
Hier soir, j'étais dans un tram, je faisais face à deux vieux hommes.  Ils avaient la septantaine bien entamée,  les rides joyeuses,  les yeux pétillants, ils semblaient heureux et se le racontaient.  J'ai pensé que j'avais envie d'être comme eux.  Depuis hier, je suis impatient d'être plus vieux, très vieux, pour avoir les rides joyeuses, les yeux pétillants et, qui sait, faire la sieste avec mes arrière-petits-enfants.


mardi 8 février 2011

L'autre bout de la rue


On dit que les voyages forment la jeunesse.  Celui qui allait conduire Hubert à l’autre bout de la rue serait déterminant.  Comme quoi, si l’aventure n’est pas forcément derrière le coin, elle est parfois au bout d’une rue.

Ce matin, Hubert ; surnommé Madame la Comtesse, depuis qu’il a tenu le rôle de Madame de Merteuil dans une libre adaptation des « Liaisons dangereuses » pour classe maternelle, et qui en avait gardé l’apparence faite de sourires et de larmes ; se réveille plus tôt que d’habitude.  Depuis bientôt 30 ans, Hubert ouvre les yeux à 7 heures précises. Il se lève.  Il passe par la toilette.  Il se fait un café. Il se rase. Puis, il se lave. Puis, il sort et rentre 12 heures plus tard, à 20 heures précises.

Cela fait 30 ans que Hubert parcourt les rues de la ville à la recherche d’écharpes perdues.  En 30 ans, il en trouvées plus de 5.000... 5.000 écharpes qu’il accroche au plafond des pièces de sa maison, ce qui, peu à peu, a transformé celle-ci en une vaste jungle faite de chutes de laine, de coton, de lin, d’acrylique, de satin,...

Rien pourtant ne prédestinait Hubert à devenir ce phénomène, dont personne ne soupçonne l’activité quotidienne.  Simplement, un matin, à 7 heures précises, Hubert s’était réveillé après avoir rêvé de son grand-père, qui avait l’apparence d’une falaise tonitruante et lui ordonnait de retrouver l’écharpe qu’il avait égaré enfant.  Hubert avait entrepris sa quête, accrochant haut ses trouvailles comme autant d’offrandes à un Dieu tyrannique et jamais rassasié.


samedi 5 février 2011

Manque de confiance



Je crois que le Roi pourrait faire preuve d'un peu d'imagination.  Voilà des mois qu'il nomme, renomme, gomme, dégomme des informateur, conciliateur, clarificateur, ... pour les résultats que l'on sait.  Alors que la solution est dans toutes les boîtes aux lettres; et ne me dites pas qu'il ne l'a pas reçue cette petite annonce.  Qu'est-ce qu'il attend Albert? Ce Professeur Cheikh m'a l'air d'avoir toutes les qualités requises pour désemberlificoter nos petites chamailleries et autres clochemerleries.  Et tout ça en maximum 15 jours... 15 jours, c'est ce que le dernier nommé en date va prendre pour s'informer de ce qu'il se passe... Il ne lit pas les journaux le Dider?  Soit, Professeur Cheikh pourrait tout arranger, avec un résultat garanti 100%, et si ça tombe en trois jours et avec facilité de paiement... Vous savez quoi, je crois vraiment qu'on nous cache quelque chose, c'est pas possible autrement...


vendredi 4 février 2011

Scènes de la misogynie ordinaire



Scène 1

Je suis dans les rayons, les mains déjà bien encombrées de livres.  Deux gaillards, la cinquantaine doublementonnée sont derrière moi.

Audrey Pulvar a écrit un bouquin?
C'est qui Audrey Pulvar?
Quoi, tu vois pas?  C'est la femme d'Arnaud Montebourg, une grande gueule du PS français.
Connais pas...
Faut voir, elle est vraiment canon.
Tu n'achètes pas le bouquin?
Un bouquin de bonne femme... non, quand même...

Scène 2

Ils se sont installés et lisent la carte.  Le serveur attend, souriant.

Pour moi, un chocolat chaud.  Et moi, un thé.
Je vous apporte ça.

Deux minutes passent, il revient.

Voooilà.  Je vais vous demander de régler tout de suite.  Oh...! c'est madame qui paie... Monsieur est organisé.  Faudra me donner la recette.  Une femme qui paie...  Et il s'en va, souriant.

jeudi 3 février 2011

Chienchien



J'ai choisi une Orval, la meilleure bière du monde pour certains.  Sans doute.  Il s'est remis à pleuvoir.  Un couple entre.  Ils doivent peser 150 ans, ou pas loin.  Ils s'installent.  A la table d'à côté, une autre de leur génération n'a d'yeux que pour leur chien, un machin gris, trapu, qui tire la langue et a l'air abruti.  Un chien quoi.  Elle prépare un bout de salami,  Il peut? Etrange cette façon de demander si elle peut lui donner quelque chose, de fait, elle se place au niveau du chien et aux ordres de leurs maîtres.  C'est elle... mais non, elle grossit... Alors, elle se met à parler à la bête, rit quand elle lui lèche la main, elle mouille certainement, comme mouille une vieille.  Le chien pense comme un chien, ses mains sentent la viande et tant qu'on ne le bat pas, il est content.  Il me reste un demi cervelas, je le lui jette.

mercredi 2 février 2011

Fantômes




Les fantômes sont revenus.   Cela faisait quelques années qu'ils me laissaient tranquille.  Et là, depuis quelques jours, ils sont revenus. Au début, on se demande, on hésite, on n'est pas sûr.  Et puis, on se rend à l'évidence, ils sont là.  Quand ils sont venus, la première fois, il y a longtemps, c'était des mouvements devinés, des objets disparus ou déplacés.  Un jour, ça cesse, comme ça a commencé.  Depuis quelques jours, ils sont revenus.  Ce matin, vers 5 heures, ce fut un claquement de mains  à mes oreilles.  Malgré leurs allers et venues je ne leur prêtais pas vraiment attention, cela a du les agacer, alors ils sont venus me réveiller.  Bon, je ne suis pas dingue, ça n'existe pas les fantômes.   Ce ne sont que des matérialisations de mes doutes, de mes angoisses, de mes tracas, mais bon, le résultat est le même, je dors moins, je suis distrait pas des ombres qui vont et viennent.  Et je ne sais pas pourquoi.  La fois précédente, j'avais décidé que c'était ma soeur qui revenait voir comment j'allais, alors je lui parlais; n'allez rien vous imaginer, d'autres appellent ça prière, méditation ou glandouille, d'habitude, je glandouille; et j'avais fini par comprendre ce qui ne tournait pas rond.  Me voilà bien.