dimanche 19 septembre 2010

Au Berger



Rue du Berger, il y a l’Hôtel du Berger. J’ai découvert ces lieux par la radio.  Dans « La quatrième dimension »   Stéphane Dupont avait réalisé un des ces reportages improbables dont il a la recette.   Le Berger est l’un des plus anciens lieux de rendez-vous de Bruxelles, un lieu où se retrouvent les amants occasionnels et réguliers.  Les gérants racontaient, souvent avec complicité, le quotidien de ces femmes et de ces hommes qui venaient pour une heure ou plus partager amour, tendresse et parfois projets.  

Un matin ensoleillé d’octobre, nous sommes entrés à l’hôtel du Berger.  Nous avions prétexté je ne sais quoi, mais nous n’étions pas là où nous le devions, ni avec qui nous le devions.  C’était notre première fois. Nous n’avions rien trouvé de mieux, mais nous n’avions nulle part ailleurs où aller.  J’étais confiant, car j’avais en tête ce qu’avaient raconté les personnes que nous allions rencontrer. Magie de la radio quand elle est bien faite. Nous y étions resté plusieurs heures.  Le lieu était à nous.  Je ne sais pas s’il y avait d’autres amoureux dans les autres chambres, si oui, ils étaient discrets.

Nous y sommes retournés quelques fois.  Sonner. Prendre l’ascenseur jusqu’au premier. L’accueil était le même.  Madame nous attendait.  Elle nous conduisait à notre chambre. Elle nous demandait si nous voulions boire quelque chose.  Elle me glissait un assortiment de préservatifs dans la main. Puis, une fois empoché l’argent, elle disparaissait.  Peu à peu, nous avons espacé nos rendez-vous à l’hôtel du Berger.  Nous nous sommes vus ailleurs, pas longtemps, et cela a cessé. Amour. Tendresse. Pas de projets.

Hier, en route pour la rue Mercelis, j’ai décidé de faire un détour et passer revoir l’hôtel du Berger.  C’est fermé.  Il est écrit que des transformations sont en cours. Un regard aux étages m’a fait comprendre que ce ne sera jamais plus la même chose.  Plus loin, plusieurs studios affichent leur misère sexuelle. On disait hôtel de charme, aujourd’hui, on dit studio.


2 commentaires:

  1. oh hoooooo
    je l'ai connu dans les années 80
    ça fait toute drôle de revoir cette porte ^^
    à cette époque c'était un homme qui conduisait aux chambres, il ne donnait pas de préservatifs, le sida ne sévissait pas encore chez-nous, du moins on en parlait pas

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  2. ... il y avait encore un monsieur mais je n'ai vu qu'une dame

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