lundi 27 septembre 2010

Kashipour



Chaque matin, c’est avec elle que je déjeune.  Elle me fait face.  C’est récent entre nous.  Avant, dans mon ancien chez moi, elle restait dans le salon.  Après quelques années de vie commune, je lui ai proposé de me rejoindre dès le matin.  Elle n’a rien dit.  Alors, depuis quelques mois, elle me regarde silencieusement, pendant que je bois les premiers cafés de la journée.

C’est Kashipour qui me l’a offerte.  C’était dans les années 1990.  Il avait fui l’Irak de Saddam Hussein.  Il était venu me trouver pour voir comment nous pouvions l’aider.  Sa demande d’asile avait peu de chance d’aboutir.  Vivre en Irak, selon certains, n’était pas dangereux.  Kashipour sortait de l’Académie des Beaux-Arts.  Nous avions convenu d’une exposition.  Il avait débarqué avec une dizaine de toiles. Nous avons sympathisé.  Dans l’espoir de recevoir une réponse favorable, il continuait de peindre, la journée les couloirs de l’hôpital Saint-Pierre, le soir chez lui.  Nous avons décroché les toiles après deux mois.  Nous nous sommes perdus de vue. Et puis, un jour il est arrivé avec elle. Maximo, c’est pour toi.  Je parte.  Je quitté la Belgique. Je va l’Amérique, chez un cousin.  Nous nous étions salués, nous promettant de rester en contact.  Cela fait plus de dix ans.  J’espère qu’il va bien.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire