dimanche 28 novembre 2010

Ce sera un beau dimanche



C’est dimanche. Je reviens avec le pain et les pistolets. Je traverse le petit square. Il y a trois hommes qui discutent. Ils boivent des bières. A mesure que j’approche, je comprends que la discussion est agitée.

- Tu dois assumer mon vieux… Tant que t’assumeras pas, tu pourras pas arrêter de boire… c’est comme ça… t’es un alcoolique, point barre…

Celui à qui il s’adresse a le regard perdu, les coudes sur les genoux, la canette de 50cl entre les mains.

- T’es spicologue, toi ?

- Non, pourquoi ?

- Ben parce que mon spicologue y dit la même chose que toi… que si j’assume pas, j’arrêterai jamais de picoler ...

- Tu vois, je te fais économiser ton argent… Tu payes un coup ?

Je les dépasse. Ils me regardent sans me voir. J’entends qu’ils se lèvent, ils avancent en traînant les pieds. Je me retourne, ils entrent dans le café du coin. Il est 8 heures. Le soleil illumine les façades. Les oiseaux vont d’arbre en arbre. Ce sera un beau dimanche.


vendredi 26 novembre 2010

Les travailleuses invisibles



Elles arrivent tôt le matin ou tard le soir. Elles repartent tôt le matin ou tard le soir. Elles vident des poubelles. Elles frottent des bureaux. Elles changent des draps. Elles vident des cendriers. Elles remplacent des serviettes. Elles poussent des chariots . Elles regardent parfois par la fenêtre. Ces travailleuses de la nuit sont invisibles ou presque.
Au Xe étage de cet immeuble, sans doute cette femme frotte-t-elle la une tablette ou une table. A quoi pense-t-elle? Chante-t-elle? Est-elle heureuse? Qui l'attend? Vient-elle d'arriver? Va-t-elle bientôt s'en aller? Y en a-t-il d'autres? Où sont-elles?
Avant leur arrivée et après leur départ, les lumières sont allumées. Si elles s'éteignaient ou si elles s'allumaient, on remarquerait une présence, on saurait qu'elles sont là... C'est la lumière qui assure leur invisibilité...




mardi 23 novembre 2010

Au bord du terrain



 Il est assis au bord du terrain.  En tailleur, les coudes sur les genoux et les mains sous le menton.  Il a le regard perdu, triste. Il a 6 ou 7 ans.   Je viens de sortir, les adducteurs m’ont à nouveau lâché. Le temps de retourner mon maillot, de recevoir les félicitations et des mots de consolation de quelques équipiers, je m’approche de lui.  Tu es venu avec ton papa ?  Il ne répond pas.  Tu es venu avec ton papa ?  Il secoue la tête pour dire oui, sans changer d’attitude.  Nous regardons quelques mouvements approximatifs et quelques pertes de balle ridicules.  Il est où ?  Il me regarde … C’est le rouge… Celui en rouge, c’est l’arbitre… Il n’est pas très bon… Il s’est fait engueuler et insulter plusieurs fois… Là encore, il a quelques difficultés … Je regarde le gamin… Et toi, tu joues au foot ?  La tête fait non. Tu fais du sport ?  Un peu. Je ne saurai pas quoi.  Je saurai juste qu’il en fait un peu.  En tout cas, ton papa arbitre bien.  Il me regarde. Une chance qu’il est là, sinon, on n’aurait pas pu jouer.  Il se redresse.  Regarde… regarde, il a vu la faute… Il suit son père du regard.  Vraiment, il arbitre bien. Oui, mais il y en a qui ont crié sur lui… Oui, mais c’est pas grave, ça arrive… et puis, ils sont un peu bêtes… ils râlent parce qu’il a sifflé contre eux, mais il a raison. Le match se poursuit.  Il se trompe encore quelques fois, mais rien de grave.  Je continue à le défendre et à prétendre qu’il fait tout bien, ou presque.  Le gamin sourit un peu.  Le match se termine.  En tout cas, dis-lui qu’il a bien arbitré.  Moi, je vais aller le lui dire, mais dis-lui aussi, si c’est toi qui le lui dis, ça lui fera encore plus plaisir. Je ramasse mes chaussures et m’en vais à la douche.

 

vendredi 19 novembre 2010

Tu en veux?


Je suis assis. Tranquille. J’attends le métro. Les gens vont et viennent. Ils papotent. Ils lisent. Ils téléphonent. Arrivent deux dames congolaises, sans doute, d’environ 60 ans. Toutes de rires, d’éclats de voix et de couleurs. Elles prennent de la place. Je les regarde. Elles doivent parler d’une amie ou d’un mari. Elles rient de plus belle. Je les regarde encore. L’une des deux croque dans je ne sais quoi. 

« Tu en veux ? »

« Euh… » Je ne sais pas ce que c’est. Elle devine mon ignorance, mais ne dit rien et me tend un bout de quelque chose de dur, qui ressemble à du gingembre, mais qui a un goût beaucoup plus doux.

« C’est de la cola ». Je ne sais pas ce que c’est. Je continue à mâcher. Elle poursuit… « C’est de la cola. Et ce soir, là en bas…psss… Tu vas voir, ça va monter. » Elle agite son petit doigt et s’en va dans un grand rire, suivie par son amie. Elles me regardent et s’amusent du tour qu’elles m’ont joué.

Je comprends. Elles rient toujours. Je ris aussi. Je me rends compte que les voyageurs me regardent, sans rien dire, mais j’ai le sentiment qu’ils sont contents que cela ne soit pas tombé sur eux. Cela les tranquilise et ils peuvent en rire. Je termine d’avaler ma cola. La rame arrive. Je regarde les deux dames. Nous nous saluons d’un geste du petit doigt. Nous nous sourions.

Rien ne se passera.


mercredi 17 novembre 2010

Rame


Il dit « Quand même, je suis un vieux machin maintenant… »

Elle dit « Mais Lucien, pourquoi tu dis ça ? »

« Mais tu vois bien quand même… »

Il sourit. Il s’est arrangé. Les cheveux ont reçu de la brillantine. Il a mis une veste propre. Et le pantalon de training est assorti. Et puis, il a mis sa casquette. Ils se regardent et sourient. Puis, ils continuent à se parler. Ils se sont retrouvés via internet. Il n’y connaît rien, mais là où il va, on l’a inscrit et c’est comme ça qu’ils se sont retrouvés. La discussion s’arrête. Chacun regarde devant lui.

Nouvel arrêt. Peu entrent. Plusieurs ont un gobelet de café. On dirait une série américaine. Ils jouent à être en retard. A ne pas avoir eu le temps de déjeuner. Ca donne un genre. Bientôt Schumann. Les gobelets descendent.

Il dit « On descend ici ? »

Elle dit « Si tu veux. Mais je dois aller chez ma sœur pour midi »

Ils descendent. Ils n’ont pas l’air de savoir la direction à suivre. Ils iront à gauche.


lundi 15 novembre 2010

J'adore la Saint-Verhaeghen


Je dois avoir 5 ans . Ma main est dans celle de mon papa. J’aime bien ça avoir la main dans celle de mon papa. Il boîte. Il a une béquille. Il s’est blessé au travail. Nous marchons tranquillement. Je crois que nous sommes dans la rue Neuve. Il y a des cris, des chants. Nous sommes devant plusieurs grands avec de longs tabliers blancs. Ils veulent de l’argent. Papa refuse. Ils menacent de lui jeter de la farine à la figure. Il les regarde. C’est non. La farine tombe sur la veste de papa. Il lâche ma main et écrase le nez de celui qui l’a enfariné. Il ne savait pas à qui il avait à faire.

J’ai 15 ans. Il y a du bruit dans les couloirs de l’école. Des cris, des chants. La porte s’ouvre. Entrent cinq, six gars avec de longs tabliers blancs, des chopes pleines de pièces. La professeure de physique leur demande de partir ou elle ira chercher le directeur… Elle part… Ils nous demandent des pièces. Quelqu’un se lève et s’en va fermer la porte. Les cinq, six gars repartiront les tabliers déchirés et les chopes vides. Nous étions jeunes mais teigneux.

J’ai 38 ans. Mes filles ont peur d’aller à l’école. On leur a dit que des grands avec des longs tabliers blancs vont venir et qu’elles devront leur donner de l’argent, sinon ils leur jetteront de la farine et des œufs. Je les accompagne. Je prends la couche-culotte de la dernière-née avec moi. Il y a foule devant l’école, mais aucun enseignant. Les petits se débrouillent comme ils peuvent. J’avance avec elles. On nous bloque le passage. On pousse. On nous bouscule. Je ne peux m’en empêcher… la couche pleine finit sur la figure de celui qui en fait trop.

Chaque année, en novembre, quand le cortège des étudiants arrive dans le centre-ville, je quitte mon bureau. Il y a des cris, des chants. Ils sont des centaines. Ca boit, ça pue, ça vomit. Je les suis au hasard et je leur crache dessus. Je privilégie les cheveux et le cou. C’est lâche, je sais. Que voulez-vous, je suis moins jeune, mais toujours teigneux. J’adore la Saint-Verhaegen.

PS : c'est ce vendredi que les étudiants fêteront ça... je me réjouis 


samedi 13 novembre 2010

Paraît que c'est la journée de la gentillesse...


 
Il y a le « T’es où ? » (et ses variantes) que l’on entend des dizaines de fois sur la journée.  Il y a quelques années, Maurizio Ferraris avait consacré un livre savant et très drôle sur cet objet – le téléphone portable – qui allait transformer notre vie et notre identité, et « T’es où ? » en était l’un des signes, la phrase désormais la plus prononcée au monde. http://www.albin-michel.fr/T-es-ou--EAN=9782226171047

Et puis, il y a le « Tu m’as appelé ? »… Que n’entend-on cette question ?  Il nous arrive tous d’appeler et de ne pas avoir de réponse.  On laisse un message ou pas.  L’intérêt des machines c’est de faire les choses à notre place. Alors, moi, quand un téléphone m’annonce que X m’a téléphoné, je n’ai aucun doute.  L’important n’étant pas de savoir s’il m’a effectivement appelé, mais pourquoi il m’a appelé.  C’est  vrai c’est agaçant ça… comme quand votre conjoint(e), votre fils ou votre chat vous dit « Tu m’as parlé ? » Jusque là, je n’ai tué que mon chat, mais faudrait pas pousser le bouchon.  On imagine pas qu’on vous appelle pour vous dire ‘Eh, je t’appelle ! »… vous vous diriez, quelle clette !!! ben oui tu m’appelles, je l’entends !! Et bien non, une machine vous signale que Y vous a appelé et qu’est-ce que vous faites, vous rappelez Y pour vérifier … Souvent, la proximité des autres m’est pénible, mais alors quand y’en a un qui n’a rien de mieux à dire que « Tu m’as appelé ? » j’ai qu’une envie, que son téléphone lui pète à l’oreille.


mercredi 10 novembre 2010

Un cookie et deux brownies vivaient heureux



Le métro de Bruxelles est parsemé d’œuvres d’art.  C’est sans doute sa principale qualité ; oui oui, les rames roulent mais c’est ce qu’on leur demande et ce pourquoi on paie finalement.  Celle de la station Botanique (en fait une de celles, car il y en a trois) est ma préférée. Imaginez un cookie au chocolat et deux brownies géants à portée de main… et vous aurez compris mon émoi chaque fois que j’y passe.  Et puis, patatra !!! L’obsession du contrôle a frappé.  Depuis quelques semaines, les portiques électroniques poussent dans les stations souterraines, et bientôt, sans titre de transport, on n’entrera pas.  Changement radical dans nos habitudes bon enfant qui ne semble déranger personne. Soit. Mais là… là… ça ne va pas… Je ne connais pas grand chose à l’art, à la sculpture, aux artistes, à ce monde aérien bien trop haut pour moi, mais bon, j’imagine que celle ou celui qui a imaginé ces brownies et ce cookie éparpillés dans ce vaste hall d’entrée savait ce qu’il voulait.  Et j’imagine que celui ou celle qui a passé commande savait à quoi il s’engageait.  Depuis peu, le cookie et les brownies sont séparés par une barrière de portiques de métal et de plexitruc.  L’ensemble n’en est plus un.  La composition s’est décomposée.  Ca ne ressemble plus à rien.  C’est devenu moche. Je ne sais pas qui a décidé de les séparer, mais pour celle ou celui qui l’a fait, je n’ai qu’un mot « Andouille ! »


dimanche 7 novembre 2010

Sonnez et on vous ouvrira



Dimanche 8h30.  On sonne. Ca ne peut être qu'eux. Je descends leur ouvrir.  Je prends bien soin de rester derrière la porte pour qu'ils ne me voient pas.  Entrez, n'ayez crainte que je leur dis. Une chaussure noire brillante arrive lentement, puis un bout de mallette. Je ne me suis pas trompé.  Ils entrent tous les deux. Signor Bortolini?... Il fait sombre, j'ai pris soin de ne pas éclairer le couloir.  Les ténèbres ne vous font pas peur j'espère.  Je referme et me colle dos à la porte. Ils me regardent, muets.  Je leur fais face, souriant, nu. Je les vois à peine, mais je sais que leurs costumes sont impeccables, que leurs ongles sont parfaitement limés, qu'ils sont coiffés comme pour leur première communion.  Alors, dites moi... Le silence ne les quitte pas. Ils se regardent.  Je bouge légèrement... Venez, je vais vous faire un café et vous me parlerez de mon âme... No, no... nous reviendrons une autre fois... Mais non, entrez, vous êtes là... No, excusez-nous, c'est une errore, nous reviendrons.  Je tire lentement la porte et les libère.

jeudi 4 novembre 2010

John Mc Enroe



La semaine dernière, j’ai vu John Mc Enroe à la télévision.  Souriant. Grisonnant. Je ne sais pas ce qu’il faisait là, j’avais allumé le poste comme ça et il était à l’écran.  Quelques mots sur sa carrière.  Quelques images de ses coups de gueule. Le blablabla habituel ou presque. Et puis arrive un grand jeune homme, je ne connais pas son nom, mais je sais qu’il est prestidigitateur.  J’aime bien les prestidigitateurs. Lui, chaque fois qu’il vient, il fait son numéro avec l’invité.  Ce soir, ce sera avec John Mc Enroe.  Il met l’invité à l’aise avec quelques mots de bienvenue, avec quelques mots sur le temps ou l’actualité. Puis, il y va.  Là, il sort un paquet de cartes de sa poche de jeans.  Il l’ouvre, en sort les cartes et les écarte en éventail.  Il demande à John Mc Enroe de choisir une carte, lui demande de la montrer au public et aux caméras.  Il lui demande d’écrire quelque chose sur la carte, de la plier en huit, de la déplier, de la replacer dans le jeu et de remettre toutes les cartes dans le paquet.  Il dépose le paquet sur une table.  Il va prendre une boîte de balles de tennis, une raquette et demande à John Mc Enroe de taper ces quelques balles contre le mur devant lui et d’arrêter quand il le souhaite et de lui donner la dernière balle jouée.  Voilà qui est fait.  John Mc Enroe tend la balle.  L’autre la prend, sort un canif et entreprend de découper la balle ; ce n’est pas simple, mais il y parvient et, bien sûr, la carte choisie, recouverte de lettres et pliée plusieurs fois s’y trouve.  Applaudissements sur le plateau.  Je n’applaudis pas, mais je souris. Mon fils fait waow !

Je crois bien que j’aurais aimé être cette carte.  Etre quelque chose que l’on attend.  Quelque chose que l’on découvre avec surprise, étonnement, envie.  Bon, je n’irai pas jusqu’à dire que j’aurais aimé sortir de l’œuf sans crier gare, chiffonné et marqué… mais quand même… susciter l’intérêt à ce point – viendra viendra pas… sera sera pas… - ce n’est pas mal…  Alors que, oui, j’ai été attendu des années durant, je ne me décidais pas à arriver, et quand ma venue a été confirmée, tous se réjouissaient qu’enfin, ma mère attende un bébé, moi.  Cette attente a été à la mesure de la sensation de déception que j’ai souvent ressenti me concernant, tout ça pour … ça. Pas mal mais peut mieux faire, pourrait être l’appréciation d’un hypothétique bulletin de ma vie.

Alors, c’est vrai qu’être un joker, un atout, la carte qui manque pour gagner, celle qui tombe à point nommé alors qu’on ne l’espérait plus et qui vient mettre à mal la stratégie de l’adversaire… j’aurais aimé… Au lieu de cela, je suis une carte que l’on garde, car elle peut servir, mais au fond, celle-là ou une autre … alors, cela peut-être un deux de cœur ou une dame de trèfle ou un cinq de carreau ou encore le dix de pique…  peu importe, ... une carte donc dont on ne veut pas se débarrasser, qui a ou aura peut-être son utilité ou son intérêt, mais sans plus.

Cela présente cependant, au moins, un avantage.  On ne fait pas vraiment attention à vous.  On sait que vous êtes là, mais on ne fait pas vraiment gaffe.  Passer inaperçu. Ne pas avoir l’air d’y toucher.  C’est bien... Oui, c’est bien... mais franchement... j’aurais aimé retenir un peu plus l’attention, comme cette carte sortie d’une balle de tennis qu’aurait joué John Mc Enroe.


mercredi 3 novembre 2010

Allez slama!



Elle a le téléphone bien calé entre son foulard et sa joue et elle parle.  Elle sourit.  Elle mimique.  Elle est contente de lui parler. J’ai tout de suite voulu lui dire de ne pas se laisser faire, qu’il se foutait d’elle.  Mademoiselle, ne l’écoutez pas, il raconte des carabistouilles ! C’est pas la peine de l’écouter !! J’aurais commencé comme ça.  Ensuite, j’aurais eu les arguments.  Vous pensez, un gars qui prétexte systématiquement être arrivé à la gare pour ne pas poursuivre une conversation… Mais non, elle sourit, elle écoute, elle s’étonne légèrement… encore… tu es encore à la gare !, le ton de sa voix est très légèrement monté, mais très vite le sourire reprend le dessus.  Cela n’a plus duré longtemps.  Il a sans doute raccroché.  Elle a haussé les épaules. Le téléphone est resté bien calé.  Elle a coincé sa main sous son menton et elle regarde par la vitre.  Ca sonne.  Chopin ? Mozart ? en tout cas, du classique.  Elle répond. Naaaan ! Pfff… keski croit… ksa va durer longtemps ??? Elle écoute… Ouai j’arrive à la gare là… yma dit kil devait prendre le train… tous les jours la même chose… Ouai y sfout de ma gueule clair… Ouai ouai jvais aller le trouver… Allez slama. Le tram s’arrête, elle se lève et descend à la suite des nombreux autres.  Je la regarde qui s’en va, décidée.  Je crois qu’il a intérêt à ne pas être là.