mardi 8 février 2011

L'autre bout de la rue


On dit que les voyages forment la jeunesse.  Celui qui allait conduire Hubert à l’autre bout de la rue serait déterminant.  Comme quoi, si l’aventure n’est pas forcément derrière le coin, elle est parfois au bout d’une rue.

Ce matin, Hubert ; surnommé Madame la Comtesse, depuis qu’il a tenu le rôle de Madame de Merteuil dans une libre adaptation des « Liaisons dangereuses » pour classe maternelle, et qui en avait gardé l’apparence faite de sourires et de larmes ; se réveille plus tôt que d’habitude.  Depuis bientôt 30 ans, Hubert ouvre les yeux à 7 heures précises. Il se lève.  Il passe par la toilette.  Il se fait un café. Il se rase. Puis, il se lave. Puis, il sort et rentre 12 heures plus tard, à 20 heures précises.

Cela fait 30 ans que Hubert parcourt les rues de la ville à la recherche d’écharpes perdues.  En 30 ans, il en trouvées plus de 5.000... 5.000 écharpes qu’il accroche au plafond des pièces de sa maison, ce qui, peu à peu, a transformé celle-ci en une vaste jungle faite de chutes de laine, de coton, de lin, d’acrylique, de satin,...

Rien pourtant ne prédestinait Hubert à devenir ce phénomène, dont personne ne soupçonne l’activité quotidienne.  Simplement, un matin, à 7 heures précises, Hubert s’était réveillé après avoir rêvé de son grand-père, qui avait l’apparence d’une falaise tonitruante et lui ordonnait de retrouver l’écharpe qu’il avait égaré enfant.  Hubert avait entrepris sa quête, accrochant haut ses trouvailles comme autant d’offrandes à un Dieu tyrannique et jamais rassasié.


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