mercredi 2 mars 2011

Rencontres ardennaises


Hier soir, l'exposition photographique de José Lopez débutait, on vernissait comme on dit.  José est un photographe animalier.  Les libellules, papillons, colibri, sauterelles l'ont souvent croisé.  Il y a quelques mois, il est parti pour croiser le cerf.  Avant de voir le cerf, il a rencontré des gens. Et le résultat est fameux.  Mais c'est José qui parle le mieux de cette aventure :


Michele m’en parlait depuis longtemps, ‘Allez José, on va écouter le brame du cerf.  Tu pourras faire de terribles pics, fi’.  Vous connaissez Michele, il est vite convaincant, têtu, mais convaincant.  Alors, je me suis laissé convaincre. Sans savoir, mais parfois, il vaut mieux ne pas savoir.

Il était 17 heures quand nous sommes arrivés à Paliseul ; je dis Paliseul pour que vous situiez facilement, mais en fait c’est à Merny que nous nous sommes arrêtés.  Merny, un village de la Province du Luxembourg. ‘Tu verras José, ça va être chouette.  C’est ma famille, on va être comme des rois.’.  On était attendus, mais sans plus de précision.  Ils ont du commencer à attendre et à prendre l’apéritif tôt, en tout cas, ils en avaient exploré une vaste gamme ; il en restait, nous les avons donc accompagnés dans la dégustation.  J’ai vite compris que pour voir le cerf, il allait me falloir attendre un peu et boire un peu plus.  L’intégration passait sans doute par là.  Autant le dire tout de suite, j’ai pas vu de cerf ce jour-là.  Nous sommes allés le traquer, plein d’espoir ; Michele n’arrêtait pas ‘T’inquiètes José, y’en a un qui va arriver’ ; depuis, je sais que s’il est têtu, Michele n’est pas devin.  Et de vins, il en fut question quand nous sommes rentrés, nous en avons bu avant d’aller nous coucher, l’apéritif était terminé, et on en était au pousse-café dans la maisonnée.  Et on a bien fait d’en prendre un et plus... Je croyais avoir déjà eu froid, mais ce qui m’attendait était d’un autre calibre, je me suis couché en me disant que je ne me réveillerais pas et en écoutant Michele ‘On est bien hein José ? Allez bonne nuit, fi’

Ce fut le début d’une aventure, d’une belle et surprenante aventure.  Ce qui est présenté ici, c’est le résultat de 5 week-end passés à Merny ; et vous savez maintenant que ce fut aussi un exercice physique.  Cinq week-end pendant lesquels, j’ai pris des photographies par dizaines, j’avais envie de garder ces visages, ces sourires, ces expressions, ces regards...  J’ai fini par voir et entendre des cerfs ; ‘Tu vois fi, je te l’avais dit’ ; et d’autres animaux, mais je voulais revenir pour ces gens qui m’avaient accueillis, même si parfois de manière rugueuse.  C’est comme ça.

Passer du temps là-bas, c’est avoir retrouvé un monde où c’est ce que vous faites, pourquoi vous le faites, qui vous êtes qui a de l’importance, vous pouvez toujours parler, on vous écoutera, toujours, mais toujours aussi, on attendra que vous montriez ce que vous savez faire.  Passer du temps là-bas, c’est avoir rencontré des travailleurs précaires, des hommes et des femmes qui travaillent plus d’heures en une semaine que certains en un mois, comme ceux qui débitent des stères comme certains taillent deux crayons et qui reçoivent 5 euros la stère, ‘Des peanuts fi !’ s’énervait Michele.  Passer du temps là-bas, ça a été (re)découvrir que des mains d’hommes pouvaient être belles, de voir comment les lieux de socialisation importants que sont les cafés disparaissent, de faire la connaissance de Prout Prout le cochon ; pas besoin de vous expliquer le pourquoi du nom.  Passer du temps là-bas, ça a été redécouvrir les bienfaits des Alka Seltzer et des Nurofen.

‘Je te l’avais dit hein José qu’on serait bien accueillis ! Purée gars, des Rois qu’on était des Rois’.  Les Rois, je crois bien que ce sont ceux que l’on a quittés il y a quelques semaines.

 Voilà qui est dit.  Alors, il ne vous reste plus qu'à aller voir ça. Et vite, c'est jusqu'au 27 mars.
C'est là : Galerie Verhaeren, Centre Culturel De La Communauté Française La Vénerie/Espac Delvaux 7, rue Gratès 1170 Bruxelles Ouvert du mercredi au samedi de 14 à 18 heures et le dimanche de 10 à 13 heures.  José y est tous les samedi après-midi.


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