jeudi 13 octobre 2011

A la moutouelle




Quand j’étais petit, longtemps j’ai cru que pour être syndicaliste il fallait être italien.  Un conflit social. Une manifestation à Bruxelles. Une restructuration. Une caméra, un journaliste et hop il y avait toujours bien un Camarata ou un D’Orazio pour expliquer, revendiquer, menacer, en roulant les rrrrr ou pas.  J’ai donc longtemps cru qu’être Italien c’était une condition sine qua non, comme pour être à la moutouelle.  On n’appelait pas cela des niches ethniques à l’époque,  c’était il y a quoi… 40 ans ?, mais les Italiens, ils avaient leurs spécialités, c’était les Rois de la moutouelle et des syndicats. 

D’ailleurs, à la maison, on recevait ‘Il sole d’Italia’, un hebdomadaire spécialement destiné aux Italiens de la CSC ; ben oui, mon papa était à la CSC…  C’était écrit en italien, je ne comprenais pas grand chose, mais je me souviens qu’on parlait beaucoup de maladies professionnelles et de droit à la pension pour ceux qui rentraient en Italie.  Du coup, j’ai mieux compris pourquoi, dans la famille, branche belge, on taquinait mon père en disant que quand il n’était pas malade, l’Italien était délégué syndical ou pensionné, mais que pour en voir un travailler, c’était autre chose. 

Ooh, c’était pas bien méchant, c’était dans l’air du temps, comme ‘Tintin au Congo’, ça fait partie d’une époque, et non, jamais je ne demanderai qu’on interdise la chanson ‘A la moutouelle’ et je ne porterai pas plainte pour je ne sais quelle atteinte à je ne sais quelle dignité… d’ailleurs, écoutez : A la moutouelle, que la vie est belle…

Avouez que c’est magnifique ! Cet accent, cette saveur, ce ça sent le vécu… enfin à peu près…  Aujourd’hui, on oserait plus faire un truc pareil.  On dit certainement le même genre de choses, mais entre soi et sur d’autres.  N’empêche, je crois qu’il faut continuer à l’écouter…

Ca nous éloigne des syndicats… oui, non, pas vraiment… J’ai beau avoir vu des Francesco et des Roberto prendre la parole dans les médias pour expliquer la position du syndicat, je ne suis toujours pas sûr d’avoir bien compris sa position quant à l’immigration, au syndicat.  Oui oui, je sais, ‘Prolétaires de tous les pays unissez-vous’, mais bon, de tous les pays… chez eux… quand ils partent pour ailleurs, c’est tout de suite moins glamour… Et puis, quand ils ne travaillent plus hein… les syndicats ça aide les travailleurs, les chômeurs… et de tous les pays encore bien, c’est comment dire… Alors, moi je dis que les Sans-Papiers, ils sont bien gentils, mais c’est pas vraiment  ça qu’il fallait pour leur faciliter les choses aux syndicats.


Ce billet passera sur Radio Campus  les samedi 29/10 à 15h et jeudi 2/11 à 10h; lors de l'émission consacrée à syndicats et immigration.


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