samedi 9 avril 2011

Argentina!!!



Hier soir, il y avait le Cuarteto Cedron au Théâtre Molière, concert organisé par l'excellent Muziekpublique. Ce fut un bon concert. Pas exceptionnel, mais bon et ma foi chaleureux.  C'est que je suis partial quand ça concerne l'Argentine, les Argentins et les Argentines.  Ca remonte à loin.

Argentina ! Argentina ! Argentina !!  Des cris, c’est la Coupe du Monde de football de 1978.  Elle a lieu en Argentine.  Argentina !! Argentina !! C’est ma deuxième coupe du monde.  La première c’était en 1974 et c’était en Allemagne.  J’avais 13 ans.  Avant, j’étais trop petit pour regarder la télévision. D’ailleurs, je me demande si nous en avions une à cette époque. Il me semble pourtant revoir Pelé et le Brésil qui battent l’Italie. Je ne sais plus. Argentina !!! Argentina !!! Il fut beaucoup question de la dictature militaire qui sévissait toujours.  Presque plus que des matches.  Je n’y comprenais pas grand chose.  Je n’avais d’yeux que pour l’équipe au maillot rayé blanc et bleu céleste.  Kempes, Fillol, Ardiles...  De grands et rudes gaillards qui empilaient les buts.  Ils furent champions du monde. 

Je me souviens aussi d’un reportage sur ce pays qui au début du XXe siècle était la 5e puissance mondiale.  On y voyait Buenos-Aires. On voyait des gratte-ciel, des hommes en costume impeccable, des femmes très belles. Aaaaah... ce nom Buenos Aires... il y a des mots, des noms qui font rêver, Buenos-Aires me fait rêver.

Il y a eu le voyage de mon ami Gianni qui y est allé pour y rencontrer de la famille pour la première fois.  A son retour, il m’a raconté les quartiers italiens de Buenos-Aires.  Il m’a raconté les jours passés  dans la Pampa.  Il m’a raconté les parrilladas, où l’on mange des steaks grillés épais comme ça.

Il y a eu Laura.  Elle venait de Rosario, l’autre grande ville d’Argentine. Nous étions au cours du soir ensemble.  Elle m’a raconté la fuite du pays.  Elle m’a raconté l’arrestation et le meurtre de son mari.  On se voyait souvent.  Un soir, il y a du monde chez elle.  Des Argentins, encore et encore.  Ils se passaient une sorte de petite bombe, la bombilla, terminée par une pipe, dans laquelle on verse de l’eau chaude, chacun son tour aspire à la paille-pipe, et on reverse de l’eau bouillante dès qu’elle manque .  Je découvrais le maté, un thé assez fort, mais surtout un fameux moment de convivialité.

Il y a eu Patricio.  Il était jaloux.  J’essayais de charmer Beatriz.  Il ne le supportait pas, mais marié, comme je l’étais, il ne pouvait rien dire, alors, quand, le dimanche, nous jouions au football entre potes , il s’arrangeait pour jouer contre moi et me filer quelques coups de pieds et bourrades.

Il y a Jorge Luis Borges. Il y a Julio Cortazar.  Et il y a surtout Alfredo Bioy Casares.  Des écrivains argentins qui m’ont fait découvrir l’envers des choses, le monde tel qu’on ne le voit pas.  Pour moi, l’Argentine ça doit être comme  ça.  Un pays étrange et magique.  Un pays où l’on n'arrive jamais vraiment.  Un pays qui se dérobe, qui s ‘efface.  Un pays où l’on s’enfonce comme dans une pâte trop molle.

L’Argentine... je dois bien en rêver depuis des milliers d’années ou plus.  J’irai un jour.  Je sais que je partirai un matin, comme ça, sans y rien dire à personne.  Je me vois marchant dans les grandes avenues, je marcherais jusqu’à être épuisé.  Je m’arrêterais dans un bar.  De préférence petit, avec beaucoup de monde.  Je demanderais un verre de vin et quelque chose à manger.  Et là, j’observerais les autres.  Je fixerais cet instant dans ma mémoire et je m’en rappellerais le reste de ma vie.

Je n’aurais rien emporté avec moi.  Un peu d’argent.  Des cartes de crédit.  Mon appareil photo. Un stylo.  Mon ordinateur portable.  Le reste, je l’achèterai là-bas.  Des vêtements. Du papier. Des livres.  Je n’ai aucune idée d’où je dormirai.  J’imagine que cela dépendra de la richesse dont je disposerai.  J’ai envie d’un endroit confortable, marqué par le temps où viennent des habitués.  J’ai envie d’un endroit où des anciens me raconteraient leur histoire.  J’irais dans les quartiers italiens.  J’irais manger des pâtes et des pizze qui auraient été transformées en plats locaux.  Je chercherais, à tout hasard, des Bortolini qui vivraient par là.  Je prendrais place sur un banc et j’observerais les enfants jouer, les amoureux se faire des promesses.  J’enverrais des lettres pour dire comment je vais.  J’enverrais des mails pour rester au contact du monde. Je me ferais peut-être des amis.  Je tomberais peut-être amoureux une dernière fois.  Je ne sais pas combien de temps je resterais.  Je ne sais pas si je repartirais.  Mourir en Argentine, à Buenos-Aires ou ailleurs, ce ne serait sans doute pas plus mal qu’ici.  



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