mardi 19 juillet 2011

La route


Les vacances, ça a longtemps été la route. La veille du départ, on se couchait tôt, on ne dormait pas, on se levait encore plus tôt et on ne dormait toujours pas. Papa rouspétait. Ni plus ni moins que les autres jours, c'était simplement un rouspetage de vacances. Le départ se faisait dans l'énervement le plus complet, alors que justement, si on avait du aller dormir tôt, c'était pour être en forme, reposé et de bonne humeur... A 5 heures du matin, il n'était pas toujours simple de s'en souvenir.

Une fois en route, plus question de s'arrêter, il fallait arriver le plus vite possible. On mangeait à peine, on pissait presque pas et on écoutait RTL durant tout le chemin.  C'est dire l'ambiance festive.  Pourtant, et malgré tout ça, les départs en vacances, j'aimais bien, il suffisait de prendre tout ça à la rigolade, penser que tout ça finalement n'était qu'une vaste blague, que c'était une épreuve infligée par je ne sais quel pervers, et tout se passait bien. Les paysages défilaient. Les poteaux indicateurs perdaient régulièrement des kilomètres et nous savions qu'au bout de la route, mon père dormirait longtemps, histoire de nous laisser récupérer et faire ce que l'on voulait. Jusqu'à son réveil.

mardi 12 juillet 2011

Gjovalin



Le rendez-vous est à 11h.  Evidemment, je suis parti sans noter l'adresse et j'hésite pour le numéro.  Je cherche et trouve.  Les proverbes, ça finit toujours par marcher.  Il m'ouvre, me fait entrer et m'installe.  Je suis venu pour interviewer Gjovalin Nonaj, un virtuose de l'accordéon, qui a participé, dès le début, au Monde en Scène.

Tu veux boire quelque chose? De l'eau. De l'eau... ? J'apporte slivovitch! 

Il est 11h15... mais comment refuser?  L'interview dure deux verres de slivovitch.  Une fois l'enregistreur éteint, la discussion continue deux verres de plus; et comme souvent, ce qui se dit quand rien n'enregistre est plus intéressant, mais quatre slivovitch empêchent de noter convenablement ce qu'il dit. Tant pis, je tâcherai de m'en souvenir.

Il est 12h15.  Il me raccompagne. Dehors, il fait beau, chaud. Je marche et je souris bêtement.

samedi 9 juillet 2011

... continuez


L'avantage de ne pas avoir de voiture, de ne pas même savoir conduire, c'est qu'on marche, et que quand on marche on voit des choses que les gens à roues et à roulettes ne voient pas, ne voient plus.  Les rues sont pleines de poésie, de comédie, de jolies phrases et de jolis mots.  Je les guette, j'essaie de les garder. Griffonnages, tags, mots à la craie laissés au bon vouloir de la pluie... Quand j'en parle, il en est beaucoup pour trouver ça laid, dire que c'est du vandalisme ou pas loin, que c'est des conneries, que quand même qu'on efface tout ça... Je n'arrive qu'à y voir des traces laissées, des appels au secours ou à la révolte, des cris d'amour ou de colère, et je me dis que c'est bien.  Je me dis aussi que les gens à roues et à roulettes ne voient eux que d'immenses panneaux leur demandant de consommer, d'acheter, de dépenser.  Alors, oui, à tout prendre, je préfère de loin ceux qui, souvent anonymes, couvrent les murs, les portes, les panneaux ou simplement une pancarte (comme ici) de mots, d'idées, de coups de gueule ou de coeur. La rue est à tous et les vandales, ce sont ceux qui la privatisent et laissent abîmer l'horizon avec des appels à la dépense.